Un dilemme pour la Fed

La Réserve fédérale américaine aurait-elle durci sa politique monétaire mercredi, à l'issue du dernier de ses huit conseils de l'année, si elle avait eu en sa possession les statistiques de l'emploi aux Etats-Unis en juin ? De nombreux observateurs le pensent ; d'aucuns, jouant les Cassandre, redoutant même que la Fed ne relève ses taux à court terme, actuellement fixés à 5,25 %, au cours des séances qui s'ouvrent. Alan Greenspan, son patron, pourrait en effet avoir reçu de ses pairs mandat d'infléchir la politique de l'institut d'émission à tout moment si les circonstances le nécessitaient. Les plus empiriques font cependant remarquer que jamais depuis l'inauguration de la nouvelle politique de transparence de la Fed en février 1994, Alan Greenspan, fraîchement reconduit à la tête de la plus indépendante et de la plus puissante banque centrale du monde, n'a pris de décision en solo. L'hypothèse la plus probable est donc qu'il attendra confirmation de la surchauffe économique tant redoutée avant de passer d'un cycle de détente des taux, entamé il y a tout juste un an, à un cycle de remontée du loyer de l'argent, particulièrement délicat en année électorale aux Etats-Unis. Le prochain conseil du FOMC, le bras séculier de la Fed, se déroule le 20 août, et la hausse des taux sera alors incontournable si le boom de l'économie menace de se répercuter sur les indices de prix, jusque-là restés très raisonnables. Selon une enquête réalisée vendredi par l'agence Reuter auprès d'un panel d'économistes, onze s'attendent à un relèvement des taux avant le 20 août, tandis que treize d'entre eux pensent qu'elle attendra la réunion de ses sages pour agir. Car le rôle de la Fed n'est pas tant de guérir que de prévenir, c'est-à-dire d'éviter que la forte hausse des salaires horaires et l'allongement de la semaine de travail observés le mois dernier ne viennent réveiller « l'hydre hideuse ». Comme aime à le répéter Jean-Claude Trichet, il est plus facile de faire sortir le dentifrice du tube que de l'y faire rentrer. Reste maintenant à savoir si la Fed optera, dans un premier temps, pour une hausse d'un quart ou d'un demi-point de l'objectif des fonds fédéraux. La montée des taux à long terme, passés de 5,95 % à 7,20 % pour le trente ans depuis le début de l'année -de quoi garantir un refroidissement de la consommation -, milite pour une politique des petits pas. Isabelle Croizard
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