La mascarade de janvier, par J.-M. Blas de Roblès

Janus, Januarius, Janvier. Le premier mois de l'année tire son nom de l'une des plus anciennes divinités de Rome. Dieu des portes publiques, il protégeait aussi bien les départs que les retours, ouvrant ou fermant voies et chemins. Représenté avec un double visage, Janus scrutait d'un même regard l'avenir et le passé, l'Orient et l'Occident. Dieu du matin, dieu du premier jour de chaque mois, dieu du retour de l'année, il présidait aux commencements. Génie de la guerre ou de la paix, il était soit le Chaos soit le Monde. Lorsque la guerre faisait rage quelque part dans l'Empire, on laissait ouvertes les portes de son sanctuaire ; elles ne pouvaient être refermées qu'après le retour de la paix. Cela n'arriva que neuf fois, et pour très peu de temps, au cours d'une période de onze siècles.Je rêve d'une muraille d'ombre qui puisse endormir le corps de la bête, d'une langue magique, efficace. Un verbe propre aux évasions propices, avec des mots qui résonnent comme un duel au pistolet dans la splendeur de l'hiver.Entre nuit et brouillard, l'incendie fait au loin un cercle lumineux où blessures et musique se confondent. De minuscules silhouettes s'agglutinent devant le temple de Janus ; après de longs efforts, elles parviennent à en refermer les portes, puis à les murer définitivement. Sur la scène de ce théâtre nouveau, il y aurait une femme traversée d'éclairs ; derrière elle, trois triangles couronnés d'écritures sibyllines diraient l'incertitude des ténèbres.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.