La croisière américaine débarque en Europe

En 2008, près de 16 millions de vacanciers dans le monde ont opté pour une croisière et ils devraient être 20 millions en 2015. Le marché américain apporte encore six clients sur dix. Mais ce marché historique pour la croisière doit désormais se contenter d'une croissance d'environ 5 % par an tandis que la demande en Europe progresse trois fois plus vite (+ 14 % en moyenne). Après avoir pratiquement doublé sur les cinq dernières années, le nombre de croisiéristes sur le Vieux Continent s'est élevé à 3,5 millions de personnes. Ils devraient être 5 millions en 2012. Le potentiel de développement du marché européen, qui représente désormais 30 % de la demande mondiale, n'a pas échappé aux majors du secteur, les américains Carnival et Royal Caribbean Cruise.Ces deux armateurs, qui cumulent une flotte de 121 navires, ont décidé de reporter une partie de leur flotte destinée au marché américains vers l'Europe. Royal Caribbean a ainsi annoncé qu'il positionnerait une flotte de 22 paquebots en Europe en 2009. Et il multiplie les opérations sur ce marché. Il espère ainsi accroître la part de son chiffre d'affaires hors USA (40 % en 2008, contre à peine 15 % en 2005) grâce à une série d'initiatives : le rachat de Pullmantur en Espagne dès 2006, un accord avec le groupe de tourisme TUI en 2008 et le lancement sur le marché français de la marque Croisière de France.âpre concurrenceLa concurrence en cette période de ralentissement de la consommation promet d'être d'autant plus rude que les compagnies mènent toutes des plans ambitieux de lancement de nouveaux paquebots toujours plus grands, plus ludiques et plus luxueux. Les enjeux économiques sont impressionnants. Le coût d'un bateau est désormais compris entre 500 et 700 millions d'euros. Pour faire face à la demande, la première compagnie européenne, Costa Croisière, filiale de Carnival, veut ajouter cinq unités à sa flotte de douze bateaux d'ici à 2012. Et la compagnie MSC Croisières, qui appartient toujours à la famille italienne Aponte, ne veut pas se laisser décrocher par la concurrence et a décidé de renouveler sa flotte. MSC est en train d'investir 5,5 milliards d'euros dans la construction de huit nouveaux paquebots : elle alignera quatorze paquebots en 2012. L'un d'entre eux, le « MSC Fantasia », doté de 1.600 cabines, quatre restaurants, 18 bars à thèmes, un casino, une boîte de nuit, un spa de 1.700 mètres carrés et une salle de spectacle, vient d'être baptisé à Naples. Un second bateau à l'identique sera inauguré en juillet prochain.Pour rentabiliser ces nouveaux bateaux, le groupe MSC table sur un objectif ambitieux de croissance de 40 % de sa clientèle par an en moyenne jusqu'en 2010. Un véritable challenge dans le contexte actuel. Mais MSC est convaincu au contraire que la crise devrait favoriser les croisières, car, selon la compagnie, cette formule de vacances est moins coûteuse pour une famille avec enfants qu'un séjour en hôtel club.Reste que, pour l'ensemble des acteurs, la crise économique, qui sévit à la fois en Europe et aux États-Unis, intervient en plein milieu de ces plans d'investissements massifs. Carnival, qui vient de publier ses comptes annuels (10,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires et un bénéfice net de 1,67 milliard), annonce que, pour 2009, les réservations engrangées sont inférieures en nombre et en prix. Dans ce contexte, le secteur aura du mal à résister à la tentation de faire des promotions pour attirer les clients.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.