Les fondations universitaires se multiplient

C'est l'une des grandes nouveautés de la loi sur l'autonomie des universités. Les universités françaises ont désormais la possibilité de créer, sur le modèle de leurs cons?urs américaines, une fondation. Pour la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, il s'agit de « casser les barrières » entre le monde universitaire, académique, et le monde de l'entreprise. De permettre aux universités, désormais gestionnaires de leur propre budget, de récolter des fonds supplémentaires, notamment pour valoriser la recherche.Les universités peuvent créer deux types de fondation?: les « universitaires », à vocation généraliste, dépourvues de personnalité morale et gérées par le conseil d'administration de l'établissement, ne nécessitent aucune mise de fond minimum et sont ouvertes à tous types de dons?; les « partenariales », thématiques, sont plus autonomes (elles se rapprochent des fondations d'entreprises) et limitées à une période comprise entre cinq et huit ans. Valérie Pécresse a souhaité ménager aux universités un accès facilité à la reconnaissance d'utilité publique, qui donne droit à des avantages fiscaux. Pour elles, ce sera plus facile que pour les fondations classiques, qui doivent obtenir une approbation du conseil d'État après un long délai. « Pour l'université, une simple délibération du conseil d'administration suffit à conférer l'utilité publique », avait-elle déclaré en juin dernier lors de l'inauguration de la première fondation universitaire, celle de l'université d'Auvergne, à Clermont-Ferrand, précisant toutefois qu'un « conseil de gestion et un commissaire aux comptes doivent veiller à la bonne utilisation des fonds et en rendre compte chaque année ». Modèle à construireSur près de 70 projets en soute, à ce jour neuf ont été concrétisés?: cinq fondations universitaires (Clermont I, Montpellier III, Paris VI, Compiègne UTC et Aix-Marseille II) et quatre partenariales (Lyon I, Paris IX, Strasbourg et Nice Sophia-Antipolis). Mais d'ici la fin du mois, 8 nouvelles fondations devraient être crées. Un score qui illustre l'appétit des universités, aiguisé par le succès sur ce front de certaines entités, telle que la Toulouse School of Economics (voir ci-contre), présidée par l'un des économistes français les plus cotés internationalement, Jean Tirole.Reste que le « fundraising » ne s'improvise pas et que, de leur côté, les entreprises françaises ne sont guère rompues à l'exercice. « J'ai appris en marchant. Nous avons réuni un noyau dur avec une dizaine d'entreprises mais, ensuite, l'engagement s'érode », reconnaît Philippe Dulbecco, le président de l'université d'Auvergne. Sa fondation universitaire est la toute première. « À partir du moment où le projet de l'université est bien compris, les entreprises l'accompagnent », reprend-il, Mais cela peut prendre? une heure, ou plusieurs rencontres... pour convaincre.L'université de Clermont a récolté 2,3 millions d'euros d'engagements de la part d'une vingtaine d'entreprises (Michelin, Banque Populaire, Crédit Agricole, laboratoires Théa, cabinet Fidal?) et vise les 4 millions dans un an. Ce qui, finalement, ne pèse pas bien lourd comparé aux 100 millions de budget de l'université. Ou aux 37 milliards de dollars de Harvard?!Malgré l'incitation fiscale dont bénéficient les donateurs, « la révolution culturelle reste à faire », constate Philippe Dulbecco. La démarche est manifestement plus aisée pour les fondations partenariales, associant les entreprises à des projets précis. « Les entreprises sont venues vers nous », indique ainsi François Locher, porte-parole de l'université Lyon I. Cette dernière avait, pour valoriser ses travaux de recherche, lancé dès 1990 une filiale privée, Ezus, puis une fondation en juillet 2007. « Nous avons mis en avant une dizaine de projets mais ce sont parfois les donateurs qui nous proposent des thèmes de recherche spécifiques », constate François Locher. La fondation de Lyon I a récolté près de 3 millions d'euros et vise les 10 millions à horizon de quatre ans. À plus long terme, les établissements visent aussi l'international. C'est le cas de l'université d'Auvergne qui projette, avec l'aide de l'un de ses donateurs, le chinois Tellhow, de s'implanter en Chine. n
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