Pina Bausch a rejoint les étoiles

disparitionLe milieu de la danse est en deuil. Celle qui en était l'une des plus grandes représentantes s'est éteinte mardi dernier des suites d'un cancer foudroyant. Admirée dans le monde entier, Pina Bausch aurait eu 69 ans dans quelques jours. Son image, elle, ne nous quitte pas. Le visage long, les cheveux noirs tirés en queue-de-cheval, le regard pénétrant, frêle et forte à la fois, invariablement vêtue de ses robes droites qui lui tombaient le long du corps.Née en 1940 à Solingen, près de Wuppertal, en Allemagne, c'est dans le bistrot de ses parents qu'elle a en quelque sorte appris la danse. Enfant, tapie sous les tables, elle épiait. De ses observations, elle a tiré « Café Müller » en 1978 qui dévoile toute la force du style Pina : un mélange de saynètes théâtrales et de chorégraphies virtuoses.En 1980, « Bandoneon » enfonce le clou. Dans un décor de café, les souvenirs personnels y sont ressassés avec un humour qui ne manque jamais de cruauté. On y croise des professeurs tortionnaires : une qui plonge dans un seau d'eau les têtes de ses élèves jusqu'à ce qu'elles sourient ou une autre qui lance cruellement : « Si ça ne fait pas mal, ce n'est pas ma chorégraphie. »Nommée en 1974 à la tête de l'Opéra de Wuppertal, Pina Bausch a aussi marqué de son empreinte quelques joyaux éternels : « Orphée et Eurydice » ou « le Sacre du Printemps ». Ses visions modernes auront mis du temps à s'imposer et durant les premières années, plutôt que des applaudissements, ce sont les sifflets qui ont volé. Admirée de tous, son décès a suscité beaucoup d'émotion. Anne Teresa de Keersmaeker, actuellement à l'affiche du Théâtre de la Ville, a créé la stupeur dans le public en annonçant la nouvelle mardi soir. Elle a ensuite interprété un solo très émouvant, n'ayant de cesse que répéter que « Pina, c'était beaucoup d'amour ».Un lien fort s'était tissé entre Pina Bausch et le Théâtre de la Ville depuis plus de trente ans. Programmée chaque année, elle le sera encore en novembre 2009 avec « Vollmond » et « Masurca Fogo ». S'y ajoutera une série d'événements sous forme d'hommage dans ce lieu qui lui était si cher. Olivier Le Floc'h
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.