Les magasins ne veulent pas ouvrir 52 dimanches par an

Le commerce n'a pas obtenu ce qu'il souhaitait. « Mais on ne vit pas dans un monde parfait. Et mieux vaut de l'imparfait que rien », estime Jean-Patrick Grumberg, président de l'association « Laissez-nous travailler » qui défend les intérêts des commerçants et salariés du centre commercial Usines Center, ouvert à Villacoublay (Yvelines) tous les dimanches depuis vingt ans. Le gouvernement a abandonné l'idée initiale d'étendre les ouvertures exceptionnelles à huit dimanches par an, au lieu des cinq actuellement sur autorisation préfectorale. Au grand dam de la grande distribution alimentaire et des enseignes de grands magasins. « Et pourtant cette proposition de Léon Salto dans son rapport remis au Conseil économique et social avait obtenu l'accord de tous les syndicats », regrette la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution où siègent Carrefour, Auchan et Casino.aberrations Mais peu importe. La création de Périmètres d'usage de consommation exceptionnel (Puce), où l'ouverture le dimanche pourrait être autorisée, enchante nombre de commerçants. Ou du moins les soulage. « Cette mesure règle le sort des situations existantes et légalise le statut des salariés », estime Jean-Patrick Grumberg. « Et tout ce qui tend à remédier aux distorsions de concurrence a du bon », ajoute la porte-parole de Darty. Depuis deux ans, le spécialiste de l'électrodomestique dénonce les aberrations nées de l'amendement Debré à la loi Chatel adopté fin 2007. Depuis l'entrée en vigueur de cet amendement, les enseignes d'ameublement peuvent ouvrir tous les dimanches dans toute la France. Or ces Conforama et autres Ikea distribuent aussi de l'électroménager. Et ils occupent souvent les mêmes zones commerciales que les Darty, Boulanger et autres spécialistes de l'électroménager qui n'ont pas le droit, eux, d'ouvrir le dimanche. « La proposition de Richard Mallié ne va pas tout résoudre. Mais elle aura le mérite de redresser un peu ces distorsions-l࠻, souligne-t-on chez Darty. Lesdits Puce légaliseront le travail dominical dans des zones comme Plan-de-Campagne (Bouches-du-Rhône) et La Patte d'Oie d'Herblay (Val-d'Oise), où les autorisations préfectorales sont attaquées devant les tribunaux par certains syndicats. Depuis six mois, après de multiples procès de FO, Darty a fermé son magasin d'Herblay. « La future loi nous permettra de clarifier la situation de nos salariés », ajoute sa porte-parole.Pour autant, les enseignes ne vont pas ouvrir leurs magasins dans tous les Puce nouvellement autorisés. « Il ne faut pas oublier la réalité économique », rappelle Jacques Perilliat, ancien président de l'Union du commerce de centre-ville, aujourd'hui conseiller. Ouvrir le dimanche en payant double ses salariés n'est pas toujours rentable. Seuls les quartiers et centres commerciaux où le chiffre d'affaires dominical peut atteindre de 20 % à 25 % du chiffre d'affaires hebdomadaire mériteraient attention. « Tout dépend du potentiel de chiffre d'affaires du magasin ! » confirme Jean-Noël Reinhardt, président du directoire des magasins Virgin. Aujourd'hui, seuls 7 de ses 36 magasins en France sont ouverts le dimanche. « Nous étudierons au cas par cas ce que la loi nous accordera », ajoute-t-il. Darty assure ne pas avoir encore étudié la question. Quant aux enseignes d'ameublement, la réforme les laisse de glace. Depuis début 2008, Ikea, Conforama, Alinéa et Fly peuvent ouvrir le dimanche. Mais, elles se sont mises d'accord pour n'ouvrir le dimanche qu'en Île-de-France. Un principe qu'elles ne devraient pas remettre en cause. Juliette Garnie
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