La dynamique de la dette inquiète les économistes

La question était latente. Elle se pose avec une acuité accrue depuis le lancement du grand emprunt national : l'endettement public, qui atteindrait 88 % du PIB en 2012 selon Bercy, a-t-il des limites ? Les économistes en sont convaincus, tout en distinguant deux problématiques, celle portant sur le niveau de la dette et celle portant sur sa dynamique. « Une augmentation brutale de la dette publique peut parfois se justifier, pour lutter contre une crise majeure et relancer l'économie en engageant des dépenses d'avenir. Mais s'endetter davantage pose un problème sérieux si c'est uniquement pour faire face à l'augmentation de la charge de la dette », estime Laurence Boone, chez Barclays Capital. « Or, c'est le cas de la France. Au regard de la faiblesse de sa croissance potentielle, du niveau de son déficit public, de la volonté du gouvernement de ne pas augmenter les impôts, la dette s'autoalimente. Résultat, la France doit recourir à l'emprunt pour honorer la charge de sa dette », déplore Karine Berger, chez Euler Hermes Sfac. Une sonnette d'alarme également tirée par Mathilde Lemoine, chez HSBC France. « Lorsqu'un pays n'a pas la capacité de créer assez de richesses pour se désendetter rapidement, comme c'est le cas de la France, la situation devient préoccupante », estime-t-elle.taux d'intérêt basCette dynamique peut-elle entraîner la dégradation de la note de la France par les agences de notation, provoquant une remontée du coût de l'emprunt, comme au Royaume-Uni ? « Pour l'instant, les investisseurs sont toujours convaincus de la solidité de son économie. Mais la menace existe ! D'ici deux à trois ans, la France court le risque de voir sa note abaissée », envisage Karine Berger. Souvent, le cas japonais (une dette représentant 160 % du PIB) est mis en avant pour relativiser le problème français. Mais « la dette japonaise est détenue en majorité par les épargnants japonais. Alors qu'en France, l'État doit constamment rassurer les investisseurs », explique Laurence Boone. Le niveau actuel des taux d'intérêt est également à prendre en compte. « La France profite de taux d'intérêt bas, mais ce faible coût de l'emprunt ne durera pas. Pour éviter la réapparition des tensions inflationnistes, les banques centrales relèveront un jour leurs taux d'intérêt directeurs. De plus, si la reprise de l'activité boursière se confirme, les investisseurs se détourneront de l'obligataire pour retourner vers les marchés actions. Pour continuer à les séduire, la France devra mettre le prix », anticipe Mathilde Lemoine. Fabien Piliu
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