EDF tente son va-tout sur Constellation

Persévérer?! Depuis cet été, cela semble être la clé du succès chez EDF. Surtout depuis que, en octobre, l'électricien français a remporté British Energy après avoir essuyé le refus du conseil d'administration deux mois auparavant. Alors que Constellation est en cours de rachat par MidAmerican, société de Warren Buffett, à 26,50 dollars par action, EDF, qui a déjà fait une première offre, revient à la charge et surenchérit. En septembre dernier, l'électricien avait proposé, avec KKR, 35 dollars par titre, soit 32 % de plus que le milliardaire. Mais son offre, bien que supérieure à celle du célèbre investisseur américain, n'avait même pas été examinée par le conseil de Constellation. Depuis lors, EDF semblait avoir jeté l'éponge. Officiellement, « parce que les conditions de marché n'étaient pas réunies ». Mais, dans les faits, parce que KKR avait rencontré des problèmes de financement.Cette fois-ci, pas question pour EDF de racheter des titres?: Constellation restera une société indépendante et cotée. Ce qu'il propose en revanche, c'est d'acquérir, via la création d'un joint-venture avec l'américain, 50 % des activités nucléaires de Constellation pour 4,5 milliards de dollars. Afin de répondre aux besoins immédiats de Constellation et de dédommager Warren Buffett, EDF s'engage à apporter 1 milliard de dollars de liquidités, un montant qui sera imputé sur le prix d'achat. Pour EDF, cette proposition permet de s'adapter à la réglementation américaine, qui interdit qu'un groupe détenant des actifs nucléaires ne soit détenu en majorité par des capitaux étrangers.un prix jugé élevéSur les marchés, les investisseurs trouvent le prix de 4,5 milliards (équivalent de 52 dollars par titre) trop élevé. L'électricien offre une prime de 96 % par rapport à MidAmerican Transaction. Du coup, Constellation se paie (dette nette comprise) 7 fois son excédent brut d'exploitation. Un ratio que des analystes financiers considèrent effectivement un peu trop onéreux. Mais EDF avait-il le choix?? Pas sûr. « Soit EDF restait les bras croisés et il perdait tout ce qu'il avait investi aux États-Unis, soit il tentait son va-tout. Et ce, avant le 23 décembre, date à laquelle les actionnaires de Constellation se réunissent pour se prononcer sur l'offre de Warren Buffett », explique un proche du dossier.Pour le leader français du nucléaire, l'offre de Warren Buffett aurait des conséquences catastrophiques. D'un point de vue financier, d'abord?: si elle est approuvée, EDF sera contraint d'apporter les 9,5 % qu'il détient du capital de Constellation au milliardaire sur la base de 26,50 dollars par titre. Or, ces actions ont été acquises à un prix bien supérieur, à plus de 70-80 dollars pour celles achetées en 2007 et autour de 60 euros pour les 4 % restant, amassées fin août 2008. D'un point de vue industriel, ensuite. Rien ne garantit aujourd'hui que le milliardaire ne mettra pas fin au partenariat qui lie EDF à l'américain. Bien au contraire. Or, les deux sociétés ont créé une coentreprise UniStar Nuclear Energy qui a pour but de développer, réaliser, détenir et exploiter de nouvelles centrales nucléaires de troisième génération aux États-Unis, un marché en pleine expansion.EDF a-t-il des chances de réussir?? Pour l'heure, Constellation a confirmé avoir bien reçu l'offre du français, qui sera étudiée par le conseil d'administration. Il a précisé « ne pas avoir retiré, modifié ou nuancé la recommandation faite à ses actionnaires d'approuver l'offre de MidAmerican ». EDF est soutenu par plusieurs « class actions » d'actionnaires pour qui l'offre de Warren Buffett est destructrice de valeur. Cela sera-t-il suffisant?? À l'assemblée générale, le français est tenu de voter comme le conseil d'administration de Constellation.
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