Trois livres en un : une offre impossible à refuser de la part d'Andreï Makine, écrivain russe installé en France depuis vingt ans, Prix Goncourt et Médicis pour « Le Testament français » en 1995. Son nouveau roman, « La vie d'un homme inconnu », fait s'enchâsser trois histoires. Makine nous présente d'abord Choutov, écrivain russe vivant à Paris, qui vient de rompre avec l'impétueuse Léa : « le type même de l'homme plaqué par une jeune femme qui a l'âge d'être sa fille. Une histoire pour un petit roman à la française, cent pages de coucheries et de déprimes parisiennes ». Mais l'écrivain russe a plus de talent que le premier romancier français venu, et ce premier récit, de soixante pages seulement, se lit avec plaisir.Makine fait alors dérailler son histoire et décide d'envoyer Choutov à Saint-Pétersbourg, pour y retrouver un amour de jeunesse. Du roman psychologique, on passe alors à la satire sociale. Car tout y a changé et Choutov, pensant renouer avec ses origines russes, se retrouve encore plus dépaysé qu'en France. Sa bien-aimée est devenue une femme d'affaires, dont le fils est un éditeur de livres aussi profonds que « Déborah et l'alchimiste du plaisir » ou « Bella, une femme sans tabous ». Choutov doit se rendre à l'évidence : « La Russie tente de gommer les décennies [soviétiques] qui l'avaient séparée de son destin. Et lui reste envasé dans les temps maudits que tout le monde voudrait oublier. »Tout le monde, sauf Volski, « l'homme inconnu » du titre. Choutov rencontre ce mystérieux vieillard, qui va lui raconter la véritable histoire d'amour du livre, belle, grande et tragique. à l'image de la Russie d'hier. Troisième et dernier récit, qui occupe la moitié du livre.Une nouvelle fois, Andreï Makine tisse des liens entre la France et la Russie, entre le passé et le présent, examine le destin des individus et des peuples, avec une lucidité qui n'exclut pas la nostalgie. Aimé Ancian« La Vie d'un homme inconnu », d'Andreï Makine, ? éditions du Seuil, 292 pages. Prix : 21 euros.

latribune.fr

17 Févr 2009, 1:34

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