La campagne a redonné le goût de la politique aux Américains

Rarement campagne présidentielle aura autant passionné les Américains. Neuf millions d'électeurs supplémentaires se sont inscrits pour participer au scrutin d'hier, parmi lesquels des jeunes et citoyens issus des minorités. Si un taux de participation exceptionnel était attendu hier, trois records avaient déjà été battus au cours de la campagne : le nombre de votes par anticipation, le taux d'audience des débats présidentiels et la levée de fonds pour la campagne de Barack Obama. À la mi-octobre, le candidat avait récolté 641 millions de dollars alors qu'en 2004, John Kerry et George W. Bush avaient collectivement recueilli 684 millions de dollars avant les conventions démocrate et républicaine. En renonçant au système de financement public ? une première dans l'histoire des États-Unis ?, le sénateur de l'Illinois a certes refusé une enveloppe de 84 millions de dollars mais s'est autorisé à lever autant d'argent que possible auprès de ses partisans, notamment sur les sites de socialisation MySpace et Facebook. En 2004, la campagne de John Kerry avait déjà tenté d'augmenter le taux de participation parmi les électeurs sensibles aux thèses démocrates alors que les républicains employaient depuis des années des organisations communautaires, sociales ou religieuses pour battre le rappel des troupes lors des élections nationales ou locales. Mais sans réussir à s'imposer dans des bastions républicains.différencesTirant les leçons de cet échec, les démocrates ont installé en 2008 plus de 700 bureaux de campagne à travers les États-Unis. Barack Obama s'est ainsi attiré les faveurs des Latino-Américains ? 15 % de la population américaine et 9 millions d'électeurs ? que la volte-face de John McCain sur les projets de réforme migratoire a en outre échaudés.De plus, alors que McCain a choisi pour colistière Sarah Palin afin de mobiliser la base conservatrice sans laquelle toute victoire était illusoire, Obama est parvenu à la tête du ticket démocrate en fédérant des Américains aux intérêts disparates et en leur proposant un profil original : celui d'un candidat métis qui refuse de s'affilier aux courants traditionnels de son parti et trop jeune pour avoir participé aux combats politiques des années soixante auxquels ont pris part ténors démocrates et républicains. « Il y a plus de différences générationnelles, culturelles et stylistiques entre messieurs McCain et Obama, respectivement âgés de 72 et 47 ans, qu'entre les rivaux de la plupart des campagnes présidentielles des cinquante dernières années », notait cette semaine le « New York Times », pour expliquer l'engouement des Américains pour cette élection. « La crise a aussi poussé les gens à se questionner sur leur avenir », pondère Larry Bartels, professeur de sciences politiques à Princeton University. « Quant aux jeunes qui n'ont connu que les années Bush, ils se sont fortement impliqués en faveur d'Obama », estime l'enseignant. Éric Chalmet, à New York
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