Les banques britanniques ont levé au total 90 milliards d'euros en 2008

Dernière grande banque britannique à dévoiler hier son plan de recapitalisation, Royal Bank of Scotland va lever, comme annoncé le mois dernier, 20 milliards de livres (24,8 milliards d'euros), garantie par Downing Street. Si les actionnaires actuels ne participent pas à cette nouvelle recapitalisation, cette opération conférera au gouvernement une participation majoritaire de 58 %.RBS conclut ainsi une année folle pour les banques britanniques qui, au bout du compte, auront eu besoin de 71,5 milliards de livres (88,5 milliards d'euros) pour reconstituer leurs fonds propres sur l'ensemble de 2008. Environ la moitié de cet argent frais provient du gouvernement britannique, tandis qu'une grande partie, concernant Barclays, vient de fonds souverains.coût prohibitifMalgré les sommes faramineuses en jeu, RBS défend l'idée que les banques britanniques n'ont pas été beaucoup plus victimes de la crise que les autres. Au total, 395 milliards de livres (490 milliards d'euros) ont été injectés dans le capital des banques à travers le monde, selon les calculs de la Banque d'Angleterre. Les établissements britanniques n'ont donc capté « que » 20 % de cette manne financière.Il n'en reste pas moins qu'ils ont connu une véritable humiliation collective ces derniers mois. Leur recapitalisation se fait à un coût prohibitif : les fonds souverains ont imposé à Barclays des versements d'intérêts très élevés. Downing Street en a fait de même, tout en ajoutant une interdiction des dividendes et des bonus en cash tant que les actions préférentielles seront en place. RBS a accepté la nomination par le gouvernement de trois membres du conseil d'administration, et Lloyds TSB de deux.Au jeu des bilans de la crise, RBS est sans doute la banque qui a le plus souffert. Son directeur général, Fred Goodwin, a été contraint à une humiliante démission le mois dernier. Sa principale erreur a été d'acheter trop cher ABN Amro à l'automne 2007, alors que la crise du crédit avait débuté. « Nous ne sommes pas fiers d'être là où nous en sommes, reconnaît Stephen Hester, son successeur. Nous nous sommes trop exposés au mauvais moment. » Il prépare pour février un grand plan de restructuration, avec de possibles ventes d'actifs et une réduction des coûts.L'autre grand perdant de la crise est HBOS. Peu touché directement par les subprimes, le premier prêteur hypothécaire britannique a été victime de la crise immobilière. Son action a dévissé en septembre, forçant une acquisition en urgence par Lloyds TSB. Ce dernier bénéficie au contraire de sa prudence. La crise lui permet de créer un géant bancaire, en avalant HBOS, ce qui aurait été impossible en temps normal, les lois sur la concurrence s'opposant à un tel mastodonte.Alors faut-il en conclure que le plus dur est désormais passé pour les banques britanniques?? La plupart des analystes estiment que le risque d'implosion du système est évité. « L'action des gouvernements à travers le monde donne une bonne chance de stabilit頻, estime Stephen Hester, prudemment.Mais le danger vient maintenant de la récession. Stephen Hester reconnaissait hier que RBS réalisera probablement cette année la première perte de son histoire. Mais il ajoute que toutes les banques seront touchées : « Toutes les institutions financières vont devoir passer des pertes pour un bon moment. » La sortie de crise sera longue et douloureuse.
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