Les fondations bancaires italiennes tentées par l'aide financière de l'État

Vendredi, Silvio Berlusconi pourrait arriver au sommet informel des chefs de gouvernement de l'Union européenne (UE) avec son plan de recapitalisation des principales banques italiennes. La direction du Trésor italien travaille d'arrache-pied à plusieurs « options » pour concrétiser l'offre d'aide de l'État à son secteur bancaire énoncée le mois dernier. Les décrets d'application pourraient être examinés en Conseil de ministres aujourd'hui mercredi ou demain. Un recours immédiat et concerté des banques concernées à la manne de l'État est même évoqué, histoire de ne pas laisser le moindre établissement en proie à la spéculation boursière.faible ratioJusqu'ici les fonds propres des banques italiennes n'ont a priori pas souffert de placements hasardeux ou « toxiques » à l'instar des crédits hypothécaires subprimes américains. Mais la vague d'acquisitions et de fusions de ces deux dernières années a laissé plus d'un établissement avec un faible ratio de fonds propres (core tier one). Or, toutes les banques de la péninsule ne peuvent se permettre de faire appel à leurs actuels principaux actionnaires pour augmenter leur capital. Les fondations bancaires, nées de la privatisation des caisses d'épargne durant les années 1990, sont les actionnaires de référence des trois premières banques du pays (UniCredit, Intesa-Sanpaolo et Monte dei Paschi di Siena). Si le président de la Fondation Monte Paschi, détenant 46,3 % de la banque du même nom (MPS), a récemment exclu de procéder à une augmentation de capital malgré un ratio de fonds propres (tier one) de seulement 5,53 %, bien en dessous des 6 % minimum recommandés par la banque centrale italienne, ce n'est pas parce qu'une recapitalisation n'est pas nécessaire mais parce que la Fondation ne peut plus se le permettre. La dernière augmentation de capital de MPS remonte à seulement six mois et elle avait obligé la Fondation actionnaire à débourser pas moins de 2,88 milliards d'euros, soit 40 % de son patrimoine. Le prix à payer pour le rachat à Santander de la banque Antonveneta, une opération « coûteuse » (9 milliards d'euros) aux dires mêmes de l'un des dirigeants de la Fondation. Le même objectif de préserver l'indépendance de la banque en réalisant une grosse opération a été poursuivi par Banca Carige et son actionnaire de contrôle, la Fondation de la Caisse d'Épargne de Gênes, au point que cette dernière a dû emprunter jusqu'à 315 millions d'euros pour maintenir sa part lors de l'augmentation de capital. Aussi ces banques comme MPS et leurs fondations ne voient pas d'un mauvais ?il un coup de pouce de l'État. L'alternative est en effet l'intrusion de fonds souverains extra-européens au capital des banques, comme les fondations actionnaires d'UniCredit viennent d'en faire l'expérience avec l'arrivée du fonds libyen dans UniCredit à hauteur de 3 %. Dépendantes pour leurs ressources de l'obtention des dividendes des banques dont elles sont actionnaires, les fondations sont aussi peu enclines à accepter que les établissements conservent leurs bénéfices pour renforcer leurs fonds propres plutôt que verser un dividende. Reste à savoir si elles accepteront les conditions du gouvernement italien pour venir en aide aux banques.Frank Paul Weber, à Milan Un recours immédiat et concerté des banques concernées à la manne de l'État est évoqué.
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