La BCE procède à la plus forte baisse de taux de son histoire

Le consensus des économistes prévoyait qu'elle jouerait petit bras, pour ménager ses marges de man?uvre. Et pourtant, plus pragmatique que jamais, la Banque centrale européenne a osé déroger à sa politique des petits pas. Elle qui n'avait jamais pratiqué de mouvements de taux, à la hausse ou à la baisse, de plus d'un demi-point, a consenti hier la plus forte détente monétaire de ses ? presque ? dix ans d'histoire. Jean-Claude Trichet et ses pairs ont procédé à un assouplissement monétaire de trois quarts de point, qui ramène le taux directeur ? le refi ? à 2,5 %. Au total, depuis l'action concertée de cinq banques centrales le 8 octobre, la BCE a ouvert le robinet monétaire de 175 points de base (un point de base = 0,01 %), un record absolu depuis qu'elle a pris les rênes de la politique monétaire de la zone euro aux premières heures de l'an 1999. La gravité de la situation, autant sur les marchés du crédit que dans l'économie réelle désormais contaminée, nécessitait une implication majeure des banques centrales dans la tentative de désenlisement de la planète financière. Jean-Claude Trichet a répété hier lors de sa conférence de presse mensuelle que « le degré d'incertitudes restait exceptionnellement élev頻. Tout en rappelant que la BCE avait été la première grande banque centrale à identifier les risques soulevés par la crise des subprimes venue des États-Unis et à tenter d'y faire face dès le début du mois d'août 2007. Le président de la BCE a laissé anticiper de nouvelles initiatives si nécessaires. Aussi bien sur le front des taux d'intérêt pour le soutien à l'activité que sur celui de l'aide au système bancaire, qui est dans une situation « exceptionnellement difficile ». En déclarant que la BCE continuerait de « surveiller très attentivement tous les développements », son traditionnel sésame, Jean-Claude Trichet a même posé les jalons pour une possible détente des conditions de crédit dès la première réunion de la BCE de 2009, le 8 janvier, sans toutefois l'annoncer comme certaine. Il s'est contenté d'expliquer ? c'est son leitmotiv ? que la banque centrale de Francfort ne s'engageait pas à l'avance. 1,4 % d'inflation en 2009Les prévisions de l'équipe économique de la BCE sont à ce point délétères que l'on peut en tout cas parier sur un nouvel assouplissement de taux d'un demi-point de son taux de refinancement dès les premiers mois de 2009. L'inflation rentrerait dans le rang pour évoluer autour de 1,4 % en 2009, soit en dessous du seuil de tolérance de 2 % que lui assigne la BCE. Trichet a admis que les pressions inflationnistes, qui constituaient son cauchemar l'été dernier, continueraient à décliner. Mais la récession, elle, jouerait les prolongations, puisque la croissance serait négative de 0,5 %, alors que la BCE attendait encore une expansion de 1,2 % dans ses prévisions de septembre.Le refi de la BCE devrait donc rapidement retrouver le plancher de 2 %, sur lequel il a campé de juin 2003 à décembre 2005. Holger Schmieding, le très visionnaire stratège de Bank of America, le voit même refluer jusqu'à 1,5 % d'ici à mars prochain. ++BSD++ NePas supprimer n Isabelle Croizard++BSF++
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