La durée de vie des centrales au crible de l'ASN

« Nous communiquerons avant l'été notre position générique sur le prolongement de la durée de fonctionnement des réacteurs nucléaires français au-delà de trente ans », déclare André-Claude Lacoste, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire. En 2009, les deux plus anciens réacteurs français (Fessenheim 1 et Tricastin 1, de la première génération 900 MW) vont avoir 30 ans et donc passer les premières inspections de sûreté décennales susceptibles de leur donner un quitus jusqu'à leurs 40 ans. Mais EDF ne compte pas s'en tenir là et aimerait une visibilité pour ses centrales au-delà de cet âge.L'enjeu est colossal pour l'électricien, dont le parc a été construit en tablant sur une durée de vie de trente ans. Le mégawattheure (MWh) d'une centrale nucléaire amortie revient à environ 30 euros, très en dessous des prix actuels du marché (entre 40 et 45 euros). En revanche, compte tenu du coût des nouveaux réacteurs (4 milliards d'euros pour l'EPR en construction à Flamanville), le MWh produit par les futures centrales est annoncé entre 55 et 60 euros par EDF. C'est pourquoi l'électricien insiste sur ces perspectives devant les analystes et les investisseurs. « Donner davantage de visibilité à l'exploitant peut lui permettre d'investir davantage dans l'installation, ce qui est bénéfique pour la sûret頻, estime pour sa part André-Claude Lacoste.Pour préparer cette nouvelle échéance ? opération dont le coût est estimé à 400 millions d'euros par réacteur, EDF constitue « un référentiel de sûreté pour un fonctionnement du parc au-delà de quarante ans », qu'il soumettra en 2009 à l'ASN. Cette dernière refuse pour l'heure d'évoquer cette étape et précise que ces démarches globales ne dispenseront pas chaque réacteur d'obtenir le feu vert des inspections décennales des trente puis des quarante ans. « Quarante ans, c'est un saut. EDF devra être convaincant, ne serait-ce que parce que l'EPR a fait évoluer les exigences de sûreté. Il est difficile de gérer plusieurs générations de réacteurs avec des niveaux de sûreté différents. Il y en aura bientôt quatre en France », précise André-Claude Lacoste.diversificationL'ASN, qui présentera demain son bilan d'activité 2008, voit son rôle se diversifier dans un marché nucléaire qui s'ouvre en France et à l'international. Elle devra veiller à ce que le consortium en charge du deuxième EPR (qui associera au moins EDF, GDF-Suez et Enel) possède les capacités techniques et financières nécessaires. Elle a déjà eu des contacts avec GDF-Suez. « Les premières rencontres datent de 2006 », précise André-Claude Lacoste. Total est venu voir l'ASN en 2007 et l'allemand E.ON vient de lui envoyer un courrier. De même, les autorités italiennes et la toute nouvelle autorité de sûreté nucléaire d'Abu Dhabi sont en contact étroit avec l'ASN pour préparer le cadre de leur nouveau programme nucléaire. Un inspecteur de l'ASN va rejoindre l'autorité britannique pour l'aider à traiter les futurs dossiers d'EPR. À l'inverse, des membres de l'autorité américaine (NRC) sont attendus en France pour suivre la façon dont l'ASN surveille le chantier de Flamanville. n« davantage de visibilité pour l'exploitant peut lui permettre d'investir davantage dans l'installation. »
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