Le microcrédit pourrait être rattrapé par la crise

développementLa question du développement devrait occuper une place importante dans les débats des chefs d'État et de gouvernement réunis à partir de mercredi pour le sommet du G8 à L'Aguila (Italie). La crise détériore en effet les conditions de vie des plus vulnérables et raréfie les capitaux que le Nord destine au Sud, qu'il s'agisse des flux d'aide publique au développement (APD), de capitaux privés ou des transferts de revenus des travailleurs migrants. Vendredi, le président américain, Barack Obama, a exprimé dans une interview au journal catholique italien « Avvenire », son souhait que le G8 poursuive le travail entrepris au sommet du G20 le 2 avril à Londres pour stabiliser l'économie mondiale et amortir l'impact de la crise sur les pays pauvres. Et, il y a trois semaines, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait rappelé à l'ordre les pays du G8 pour qu'ils tiennent leurs engagements pris en 2005 d'accroître leur assistance aux pays en développement à 50 milliards de dollars d'ici à 2010, alors que seulement un dixième de cette somme a pour l'instant été débloquée. Or près de 40 des 107 pays en développement sont exposés à un regain de pauvreté en 2009.Dans ce contexte, la seule source de financement pour le Sud qui semble encore résister aux assauts de la crise est la plus modeste de toutes, le microcrédit. Cette manne ne touche que 150 millions d'emprunteurs dans le monde et son encours dépasse à peine la cinquantaine de milliards de dollars. Mais elle permet aux exclus du système bancaire classique d'obtenir des petits crédits et de créer leur propre activité.Lors d'un débat organisé à Paris par le consultant Ernst & Young et l'organisme de microcrédit Planet Finance, des dirigeants d'entreprise affichaient la volonté de ne pas réduire les enveloppes consacrées à la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Chez Lenovo France, filiale du fabricant chinois d'informatique, on admettait pourtant : « Quand nos bénéfices diminuent, nos budgets RSE diminuent. » Après la forte croissance des investissements dans la microfinance de ces dernières années, les experts redoutent surtout une aggravation du risque de défaut parmi les institutions de microfinance. Selon un sondage réalisé par CGAP (Groupe consultatif pour l'assistance aux plus défavorisés), 40 % des clients de la microfinance se disaient au début de l'année non affectés par la crise, 36 % un peu affectés, 18 % affectés et 4 % très affectés.défaut de paiementQuant aux 100 à 150 institutions de microcrédit endettées en devises étrangères (représentant une dizaine de milliards de dollars d'encours), elles sont directement touchées par les problèmes de liquidité. Lors du colloque Convergences organisé fin avril à Paris, Frédéric Roussel, fondateur de l'ONG Acted, estimait que « les portefeuilles à risque ont déjà plus que doublé représentant 3 % » de l'encours, pointant du doigt la menace de défaut de paiement. Car « la microfinance repose sur la confiance et pas sur des collatéraux comme la finance classique ». Président de Planet Finance, Jacques Attali estime que la microfinance approche d'« un moment de vérit頻. Pour éviter qu'elle ne connaisse les déconvenues de la finance classique, l'ex-conseiller de François Mitterrand propose « un traité international de la microfinance fixant des règles internationales sous l'égide de la Banque internationale de règlements ».
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.