Fiscalité  : les classes moyennes perdantes

Une réforme pour les classes moyennes. C'est ainsi que le Premier ministre Dominique de Villepin avait présenté la réforme de l'impôt sur le revenu qu'il avait initiée, réforme entrée en vigueur en 2007. Aux observateurs qui mettaient en doute cette orientation, le gouvernement opposait alors une fin de non-recevoir. Pourtant, dans son édition 2008 de « Portrait social », publiée aujourd'hui, l'Insee dément formellement cette présentation politique. Il y a là un cas flagrant de contradiction entre les intentions affichées par le gouvernement et la réalité de la réforme. Les classes moyennes, plus précisément les ménages disposant d'un niveau de vie médian, ont été au contraire les grands perdants de la révision de l'IR. Si l'on ajoute à celle-ci l'augmentation de la prime pour l'emploi (PPE), ils ont vu leur niveau de vie augmenter de 0,3 % seulement à la suite de la réforme.Les ménages les plus modestes, se situant dans la tranche des 10 % de la population au niveau de vie le moins élevé, ont vu, eux, leurs revenus croître de 0,5 % grâce à la réforme de la PPE. Mais les grands gagnants de la réforme sont ailleurs. « Le gain de niveau de vie est globalement croissant avec le niveau de ressources », souligne l'étude de l'Insee. « Seuls 10 % des ménages ont des gains se situant entre 1 et 2 % de leur niveau de vie », ajoutent les statisticiens.En fait, les grand gagnants se situent en haut de l'échelle. Comme le montre le graphique, classant les ménages par niveau de vie croissant (du 1 % des ménages les plus modestes au 1 % les plus riches), ce sont ces derniers qui ont vu leurs revenus augmenter le plus fortement (jusqu'à + 2,4 %). Cela s'explique par une décision dont le gouvernement Villepin avait masqué les conséquences, à savoir la suppression de l'abattement de 20 % sur les revenus salariaux, pour l'intégrer dans le barème. Cette opération a eu pour conséquence de faire passer de 48 % à 40 % le taux maximum de l'impôt sur le revenu. Ce sont évidemment les plus aisés qui en ont vraiment profité. Les inspirateurs de la réforme, tel l'économiste Jacques Le Cacheux, l'avaient conçue ainsi. Le gouvernement n'avait pas osé le dire. I. B.
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