Le labo suisse Roche peine à mettre la main sur sa filiale Genentech

Pas de commentaire. » Telle était hier encore la position de Roche et Genentech concernant l'acquisition par le laboratoire suisse de sa filiale américaine de biotechnologie. Pourtant, près de six mois après avoir dévoilé son intention de racheter les minoritaires (44 %) de Genentech, Roche n'a toujours pas finalisé l'opération. Cette dernière, destinée à ramener dans le giron de sa maison mère une filiale en forte croissance détenue depuis 1990, vise des synergies (recherche, production, vente, etc.) de 750 à 850 millions de dollars par an (de 558,4 à 632,8 millions d'euros).Certes, la « proposition » de Roche, faite le 21 juillet 2008, de racheter les 44 % de Genentech qu'il ne détient pas, a été rejetée dès le 13 août par les administrateurs de la biotech. Raison invoquée?: à 89 dollars par action ? soit tout de même 8,5 fois le chiffre d'affaires ? l'offre de sa maison mère « sous-évalue la sociét頻. Mais cela n'explique pas tout, car le capital convoité par Roche est très éclaté, le premier investisseur, Fidelity, détenant moins de 5 % de Genentech.34 milliards à trouverEn revanche, la crise financière est passée par là. Telle qu'annoncée par Roche, l'opération se monte à 43,7 milliards de dollars (32,5 milliards d'euros). Or, le suisse ne dispose que d'une dizaine de milliards de trésorerie nette. Il doit donc trouver près de 34 milliards (25,3 milliards d'euros), une somme non négligeable dans les conditions actuelles de crédit. Si elle se faisait par emprunt bancaire, il s'agirait de la plus importante opération de financement des douze derniers mois après celle du brasseur Inbev pour le rachat d'Anheuser-Busch (45 milliards de dollars). Quant au marché obligataire, « on y lève aujourd'hui quelques centaines de millions au maximum », indique le directeur général du cabinet BFinance, David Laugier.À cela s'ajoutent des incertitudes stratégiques. « Si les investisseurs minoritaires n'apportent pas leurs titres, c'est qu'ils préfèrent suivre les recommandations de la direction de Genentech, qui est une véritable institution dans le secteur », estime le directeur général du cabinet de conseils Bionest, Claude Allary. Or, les réticences du management ne sont pas seulement financières. « Les deux cultures sont très différentes, Genentech ayant conservé un esprit d'entreprise propre aux biotechs », souligne Éric Le Berrigaud, analyste chez Raymond James. De fait, la société américaine est connue pour ses velléités d'indépendance ? justement à l'origine du mouvement de Roche. Problème?: ce dernier « a intérêt à trouver un accord à l'amiable avec sa filiale, sous peine de voir nombre de collaborateurs la quitter », note Éric Le Berrigaud.Dès lors, que peut-il se passer?? « Roche pourrait décider de se renforcer dans Genentech sans pour autant prendre 100 % », juge Éric Le Berrigaud. Les marchés, eux, parient sur un statu quo?: le 5 janvier, le titre Genentech a clôturé à 83 dollars, soit 7 % de moins que l'offre de Roche. De fait, avec 56 % de sa filiale, le laboratoire peut se permettre d'attendre. La prochaine véritable échéance n'est qu'en 2015, quand Roche perdra l'exclusivité de commercialisation des produits de Genentech hors des États-Unis.
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