L'Union européenne ambitionne de réduire de 55 % ses émissions à horizon 2030, et de 90% en 2040 (par rapport à 1990). Pour les acteurs industriels soumis au marché carbone européen (ETS ou SEQE) un marathon est engagé avec des investissements historiques, impliquant de repenser leur modèle industriel et économique.
Face au défi climatique, l'Europe doit promouvoir et protéger son modèle pionnier de décarbonation
Pour défendre la compétitivité européenne face aux concurrents hors UE n'ayant pas à supporter le même coût carbone, les « quotas gratuits » avaient été mis en place. Ce système ne joue plus à plein son rôle protecteur et l'effet incitatif de la tarification carbone sur le déclenchement des investissements dans la décarbonation est beaucoup trop limité.
Le défi climatique ne tolère pas le statu quo. Ce n'est pas une option audible.
Aussi une concurrence saine et équitable doit-elle être organisée pour encourager les investissements nécessaires à la décarbonation. La frontière carbone apporte une réponse concrète. Dès 2026, une taxe carbone sera appliquée sur les produits importés - équivalente au prix du CO2 supporté par un produit fabriqué en UE.
La question n'est plus de savoir SI mais OÙ il faut investir dans la décarbonation
La question n'est en réalité pas vraiment de savoir SI on doit agir pour la décarbonation mais plutôt OÙ l'on va investir pour des procédés industriels plus durables. Et sur ce point, une vraie course contre la montre est engagée avec une compétition bien réelle entre l'Union européenne et d'autres zones du monde comme les États-Unis ou la Chine pour capter les investissements dans la décarbonation.
L'Union européenne s'est fixé pour objectif d'être le premier continent "zéro émission nette" de CO2 d'ici à 2050. Pour relever ce défi, le MACF doit être une réussite.
Les acteurs ne peuvent agir sans le soutien de l'État, qui a tout à gagner dans cette dynamique
La filière française du ciment s'est engagée à réduire ses émissions de CO2 de 50 % d'ici 2030 et de tendre vers la neutralité carbone en 2050. Nécessaire, urgente, cette transition s'inscrit dans le sens de l'histoire pour lutter contre les dérèglements environnementaux tout en permettant aux générations futures de pouvoir se loger, se déplacer, de manière plus sûre et plus durable.
Les acteurs de la filière investissent aujourd'hui massivement pour se décarboner grâce à un soutien des autorités françaises et européennes - lequel est indispensable.
Comment éviter que les flux financiers ne soient fléchés vers des zones qui n'imposent peu ou pas de règlementation environnementale ou vers des pays qui offrent des incitations financières importantes - à l'instar des États-Unis de la Chine ?
En d'autres termes, comment s'assurer que dans 10 ans, il restera encore en France une industrie du ciment ?
Pour susciter les investissements, pour se décarboner, pour innover en faveur d'une économie plus durable, deux approches s'opposent. D'un côté l'Europe, qui a fait le choix de la tarification du carbone. De l'autre, les États-Unis ou la Chine, qui ont choisi de largement subventionner les entreprises et de soutenir leurs coûts associés aux process de décarbonation, à commencer par l'énergie.
Nous appelons l'Europe et la France à combiner les deux stratégies : taxation à l'importation et soutien public au marché intérieur. Les recettes des quotas de CO2 des émissions résiduelles représenteraient, pour le seul périmètre du ciment, 2,9 milliards d'euros en 2034, pour atteindre 9 milliards d'euros en cumulé à horizon 2050 (estimations de France Ciment basée sur la trajectoire de décarbonation du secteur et la neutralité carbone en 2050). Ces 9 milliards d'euros sont 2 à 3 fois supérieurs à l'investissement nécessaire à la décarbonation du secteur !
Soutenir le modèle de décarbonation de l'industrie européenne permettra à l'État de s'assurer des recettes importantes, et de maintenir, en France, de l'emploi, des compétences, des centres de recherche et des sites de production.
Le MACF est un atout majeur pour la transition écologique et industrielle.
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