Europe : la puissance des Droits de l'Homme

OPINION. Renforcer l'autonomie européenne est essentiel pour influencer positivement la gouvernance mondiale et répondre efficacement aux crises internationales. Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l'association Renew Europe France Paris, déléguée chargée de la communication.
(Crédits : DR)

L'année 2024 marque un tournant crucial pour la démocratie mondiale, caractérisée par des élections majeures et des défis importants. Aux États-Unis,  Donald Trump pourrait être réélu lors du prochain scrutin présidentiel, tandis que le 18 mars, Vladimir Poutine a déjà sécurisé un nouveau mandat de 6 ans. En juin, l'Europe se rendra également aux urnes. Au total, plus de 60 pays dans le monde tiendront des élections nationales cette année. Les choix de ces trois grandes puissances auront un impact profond sur l'avenir de la politique mondiale, notamment en raison de la montée de l'autoritarisme et du populisme qui menacent les principes démocratiques établis. Ces élections se déroulent dans un climat de tensions géopolitiques accrues, avec notamment la guerre en Ukraine et les rivalités entre grandes puissances, augmentant ainsi les risques de manipulation électorale et de désinformation. 2024 représente une année critique avec la mise à l'épreuve de la résilience de la démocratie.

Le 25 avril, lors de son discours dédié à l'Europe, le président Emmanuel Macron a mis en exergue la critique et la contestation croissante auxquelles la démocratie libérale et ses valeurs sont confrontées.

D'après l'index 2023 Rule of Law de l'ONG World Justice Project, entre 2016 et 2023,  77% des pays ont subi une régression des droits humains fondamentaux avec un recul notable de la liberté d'association, d'expression, d'opinion et de religion. Cet index Rule of Law  (État de droit) mesure la perception et l'expérience de l'État de droit en évaluant l'application et le respect de la loi à travers les contraintes sur les pouvoirs gouvernementaux, l'absence de corruption, les droits fondamentaux et l'efficacité de la justice civile et pénale. Entre 2022 et 2023, l' État de droit a décliné dans 82 pays, prolongeant une tendance observée depuis 2016. Dans cet index, l'Union européenne obtient un score de 0,72 ou 1 représente le niveau maximal d'adhésion à l'État de droit, surpassant nettement les États-Unis, la Chine et  la Russie qui affichent respectivement des scores de 0,70, 0,42 et 0,40. L'Union européenne compte 9 de ses États membres en tête du classement mondial, au-dessus de 0,80, avec le Danemark, la Finlande, la Suède et l'Allemagne. L'Europe  se distingue par son cadre institutionnel rigoureux et ses mécanismes de surveillance qui assurent l'adhérence au principe de l'État de droit, positionnant ses scores au-dessus de ceux des États-Unis, de la Chine et de la Russie dans l'index Rule of Law. Contrairement à ces nations, l'Union européenne est dotée de structures telles que la Cour de Justice européenne (CPE) et la Cour européenne des droits de l'Homme, qui garantissent l'application uniforme et équitable des lois à travers ses États membres.

« Indépendance »

A cela s'ajoute, une culture de gouvernance démocratique profondément enracinée favorisant des niveaux élevés de transparence et d'indépendance judiciaire. En outre, les politiques strictes de l'UE en matière des droits humains et la primauté du droit sont intégrées dans tous les actions et accords internationaux, consolidant un rôle de leader dans la promotion des droits fondamentaux. L'Union européenne exerce un Soft Power fondé sur des valeurs humanistes, elle fait face à des défis importants pour diffuser efficacement ces valeurs tant au sein de ses frontières qu'à l'international. L'interdépendance de l'UE avec le reste du monde, notamment en matière de défense et d'énergie, peut limiter  sa capacité à promouvoir ses valeurs. Lors de son discours, le  président Macron a plaidé pour un changement de paradigme visant à édifier une Europe puissance, prospère et humaniste, capable d'accroître son indépendance stratégique et économique. Dans le  dernier classement de soft power 2024, les États-Unis et la Chine qui occupent respectivement la 1re et 3e place du classement mondial, montrent  des scores dominants à l'échelle mondiale à la fois sur le pilier business et trade qui évalue la puissance et la stabilité de l'économie, et sur le pilier education and science, qui tient compte de la technologie et l'innovation, des systèmes d'éducation et des investissements dans la recherche spatiale.

La capacité des États à établir la paix, à promouvoir la défense des droits de l'homme est intimement liée à leur puissance et à leur autonomie stratégique.

Les plus grands contributeurs du budget ordinaire de l'ONU et des opérations de paix (OMP) sont les États-Unis et la Chine de par leur puissance nationale brute (PNB) et sont ceux qui ont alloués un budget plus important à leur défense ; la Chine et les États-Unis ont respectivement augmenté leur budget militaire de 7,2% et 3,2% entre 2023 et 2024.

Pour que l'Europe puisse promouvoir ses valeurs de droits de l'Homme et de démocratie, il est impératif qu'elle renforce son autonomie en matière de défense et d'énergie afin de mieux répondre aux défis et aux crises internationales sans compromettre ses principes.

Pour renforcer sa position sur la scène internationale, l'Europe doit intensifier ses initiatives au sein de sa Politique de Sécurité et de Défense commune (PSDC) ainsi que du Service européen pour l'action extérieure (SEAE). En développant ses capacités de défense, en intégrant des technologies avancées, et en renforçant la collaboration avec les acteurs locaux lors des opérations de maintien de la paix, l'Europe pourra efficacement  promouvoir la paix et la stabilité, tout en renforçant son Soft power.

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Commentaires 3
à écrit le 06/05/2024 à 9:12
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Les Droits de l'Homme ont tendance,sur nos territoires, à ressembler à de la Décadence caractérisée, alimentée par la recherche d'un consensus permanent !

à écrit le 06/05/2024 à 9:10
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Les Droits de l'homme ont tendance,sur nos territoires, à ressembler à de la Décadence caractérisée, alimentée par la recherche d'un consensus permanent !

à écrit le 06/05/2024 à 8:52
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Et pourtant même en matière de droits nous sommes dépassés par des américains qui eux n'hésitent pas à condamner des multinationales et même des banques, qui leur ont versé plus de 200 milliards de dollars quand même ces dix dernières années, VW égal...

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