Les mesures de Sarkozy au banc d'essai

Une fois de plus, le chef de l'État a innové jeudi soir, lors de son intervention télévisée. Alors que les responsables de l'exécutif annoncent habituellement des mesures suffisamment étudiées, calibrées, pour être mises en ?uvre assez rapidement, Nicolas Sarkozy a lancé de nombreuses pistes, qu'il veut soumettre à la négociation avec les partenaires sociaux. L'idée d'inclure la politique fiscale dans les sujets de discussion avec les syndicats représente à elle seule une rupture avec la pratique habituelle.Le chef de l'État a donc jeté des idées sur la table, plutôt que ficelé un plan de soutien au pouvoir d'achat des salariés « en bas de la classe moyenne », cible qu'il a fixée. Seule annonce certaine : la suppression de la taxe professionnelle, qui coûtera 8 milliards d'euros aux finances publiques. D'où la réaction de Bernard Thibault, leader de la CGT : « Le Medef mène 8 milliards à 0 ». Même l'habituellement modéré François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, a fait part de sa déception. Dans ces conditions, les syndicats, qui se réuniront lundi pour envisager les suites à donner à la journée de grève du 29 janvier, envisagent plus que jamais une deuxième journée d'action. « Car si on commence à être écoutés, on n'est pas encore entendus », a justifié Bernard Thibault.De fait, le chef de l'État n'a pas fait l'unanimité. Outre que ses critiques sur le modèle britannique ou l'implantation d'usines automobiles françaises en République tchèque ont provoqué des réactions irritées dans les capitales des pays concernés, les pistes qu'il a suggérées, qu'il s'agisse de l'éventuelle suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu, ou de celle du deuxième tiers provisionnel, ont suscité plus d'inquiétudes que d'applaudissements. Même la seule annonce ferme, la disparition ? en fait partielle ? de la taxe professionnelle, bien sûr appréciée du Medef, fait s'interroger Laurence Parisot : elle se demande si les entreprises ne paieront pas, en lieu et place, un impôt tout aussi néfaste.La réaction des élus locaux a été beaucoup plus vive : unanimes, les associations d'élus ont demandé « que le gouvernement ouvre immédiatement des négociations » en vue d'une réforme globale de la fiscalité locale. Elles s'inquiètent bien sûr de la perte de la ressource importante que constitue pour elles la taxe professionnelle. L'Association des départements de France a même demandé au chef de l'État de suspendre sa décision de supprimer la TP.
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