Lourdes pertes pour les fonds cotés

Comme un symbole : le 2 mars dernier, le géant américain du private equity (capital-investissement) Blackstone a annoncé que les émoluments de son patron, Stephen Schwarzman, avaient été révisés en baisse de? 99 %. En 2007, le financier de 62 ans avait empoché, bonus inclus, la somme astronomique de 180,1 millions de dollars. Au titre du dernier exercice, il ne recevra « que » 350.000 dollars. Cette décision radicale répond à une situation d'urgence : Blackstone a perdu 827,1 millions de dollars au quatrième trimestre 2008.Le fonds, qui avait mené tambour battant des rachats avec un fort recours à la dette pendant les années d'euphorie de 2006 et 2007, subit aujourd'hui le retournement économique mondial. « Personne ne s'en réjouit », observe le directeur associé d'un grand fonds d'investissement. Et pour cause. Tous les poids lourds du LBO (rachat par effet de levier) sont touchés. L'américain KKR le premier. Son véhicule coté, KKR Private Equity Investors, a vu la valeur de son portefeuille de participations fondre de 47,5 % entre 2007 et 2008, tandis que sa filiale d'investissement dans la dette décotée, KKR Financial, a enregistré une perte de 1,1 milliard de dollars en 2008. Et 2009 ne s'annonce pas sous de meilleurs auspices. Le fonds d'investissement vient de perdre l'intégralité des 429 millions de dollars investis en 2005 dans le fabricant de portes canadien en faillite Masonite. Le britannique Candover subit le même sort que KKR avec plusieurs de ces sociétés. En effet, une participation sur trois dans son portefeuille est aujourd'hui valorisée à zéro, dont le fabricant de yachts de luxe Ferretti et le géant britannique du jeu Gala Coral.Hélas, la série noire ne s'arrête pas à Blackstone, KKR et Candover. Les britanniques 3i, Investcorp et Terra Firma sont également dans une passe difficile. Tout comme les américains American Capital (3,1 milliards de dollars de pertes en 2008) et Allied (1 milliard), dont la pérennité financière est sérieusement remise en question par les experts. Pour rassurer bon an, mal an ses investisseurs, Terra Firma a récemment décidé de leur distribuer une part des bonus (environ 80 millions d'euros) accumulés par les gestionnaires du fonds depuis 2004. Une première.Reste maintenant à savoir si les sociétés d'investissement françaises s'en sortiront mieux que le reste du marché. Verdict les 26 et 27 mars prochains, avec la présentation des résultats annuels d'Eurazeo et de Wendel.Alexandre Maddens
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