Krach larvé

chronique de la volatilitéAlors que les actions européennes se rapprochent dangereusement de leurs points bas de 2003, les marchés dérivés ne montrent aucun signe de panique, bien au contraire ! Ainsi, la volatilité implicite à 3 mois de l'Eurostoxx 50, qui illustre le « prix du risque » observé via les options de couverture, baisse sur la semaine et s'établit à un niveau certes élevé historiquement mais très en deçà de son record de l'automne 2008 (moins de 40 % contre 65 %).De plus, la faible prime de volatilité implicite sur les options de prix d'exercice inférieur au cours actuel de l'indice suggère que les investisseurs sont encore loin d'anticiper un fort décrochage immédiat des actions. Le krach boursier de l'automne 2008 se transformerait ainsi en une lente descente aux enfers qu'une faible valorisation ne parviendrait pas à enrayer, faute de momentum économique. Selon les stratégies d'Exane BNP Paribas, les marchés actions ont subi leur troisième pire « derating » depuis 1870. En effet, le PER corrigé du cycle, calculé sur la moyenne des résultats sur les dix dernières années, a diminué de près de 60 % sur le S&P 500 depuis juillet 2007. Et seules les dépressions économiques des années 1920 et 1930 ont entraîné une plus forte baisse de valorisation. Pourtant, les profits des entreprises du S&P 500 se sont moins contractés (? 32 %) que leur valorisation sur la période. En conclusion, les marchés actions semblent attendre une poursuite des ajustements économiques avant de se redresser. Et Kenneth Rogoff, ancien chef économiste du FMI, pourrait leur donner raison. Il a en effet analysé l'impact des crises financières subies par vingt-deux pays développés ou émergents depuis 1950 : ? 35% sur les prix de l'immobilier en moyenne sur six ans, + 7 points sur le taux de chômage et ? 9 % sur le PIB en deux ans. Et si l'histoire se répète, ce qui n'est heureusement pas acquis, ces variables économiques ne seraient qu'à mi-chemin de leur ajustement !les marchés actions semblent attendre une poursuite des ajustements économiques avant de se redresser. Laurent Roussel, directeur général adjoint de la recherche chez Exane Derivatives.
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