Le chômage américain freine l'élan du dollar

Un constat s'impose : dans le monde de brutes où évolue la finance mondiale, le marché des changes est devenu l'un des seuls centres potentiels de profit, à condition de ne pas prendre de risques. C'est ce qui explique que ses acteurs se soient engouffrés sur le dollar, monnaie la plus liquide du monde et monnaie de réserve internationale toujours incontestée. Accès de mauvaise humeur ou changement de tendance ? Les opérateurs l'ont abruptement lâché en fin de semaine. L'indice pondéré du billet vert face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis, qui s'était propulsé à son plus haut niveau depuis trois ans mercredi, a cédé plus de 1 % à la veille du week-end, avant même la publication du rapport sur l'emploi américain en février.du jamais-vu depuis 1983Les craintes des économistes se sont révélées fondées : l'économie de l'oncle Sam a détruit 651.000 postes de travail en février, et les chiffres des deux mois précédents ont été révisés en hausse, notamment pour décembre, mois le plus meurtrier pour l'emploi depuis 1949, avec 681.000 pertes. Fait aggravant : le taux de chômage a bondi de 7,6 % à 8,1 % de la population active, du jamais-vu depuis 1983. Jusqu'à présent, le dollar avait résisté aux pires nouvelles du fait de son statut de valeur refuge, mais les positions longues (acheteuses) s'étaient à ce point accumulées que les opérateurs ont capitulé en constatant que les fortes baisses des taux de la Banque centrale européenne et de la Banque d'Angleterre jeudi n'avaient provoqué ni fuite devant l'euro ni nouvelle panique sur la livre sterling. La monnaie unique est ainsi remontée d'un point bas de 1,2460 dollar à 1,2750 tandis que celle d'Albion rebondissait de 1,3960 à plus de 1,43.Rien n'est cependant joué, car les stratèges ne sont pas prêts à mettre en péril les bénéfices engrangés dans cette phase aiguë d'aversion au risque. Si l'euro s'est momentanément redressé, c'est parce que les inquiétudes relatives à l'avenir de la zone euro, que certains prétendent menacée d'explosion, apparaissent très surfaites. La BCE s'est chargée vendredi de souligner qu'aucun des seize pays membres n'était menacé de cessation de paiements, alors que les Cassandre montraient du doigt plusieurs États dont la notation souveraine a été mise sous surveillance par les agences d'évaluation financière. Vendredi, par exemple, Fitsch a abaissé à « négatif » la perspective associée à la note souveraine AAA de l'Irlande, laissant entendre que cette note la plus prestigieuse de son palmarès pourrait être dégradée. Il n'empêche que le péril venu de l'Est, débouché majeur pour les exportations de la zone euro, qui semble loin de se calmer, risque de peser durablement sur l'euro. n
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