Réduction des coûts, fusions ?  

Étude« Conquering the crisis » (Dominer la crise), le titre de la 7e étude mondiale sur la gestion d'actifs réalisée par le Boston Consulting Group (BCG) est clair. « Il faut se rendre à l'évidence, depuis deux ans cette crise est plus profonde que celle du début de la décennie, indique Hélène Donnadieu, chef de projet senior et coauteur de l'étude. Elle l'est par son ampleur mais aussi parce qu'elle a touché davantage de classes d'actifs même celles réputées sûres comme le monétaire dynamique. » Perte de confiance des investisseurs, décollectes massives, crise de liquidité sur les hedge funds, affaire Madoff : l'industrie de la gestion souffre. Résultat : les encours mondiaux ont chuté de 18 % entre 2007 et 2008 à 48.600 milliards de dollars. Ce recul intervient après une hausse de 12 % par an entre 2002 et 2007. Cela a pesé sur la rentabilité des sociétés de gestion « qui est tombée à 34 % des revenus nets à la fin 2008 contre 38 % un an plus tôt », constate la consultante. Les investisseurs préférant les produits sans risque peu coûteux, donc moins rémunérateurs pour les gérants, comme le monétaire classique, les ETF. Quelque 80 % des acteurs ont vu leur rentabilité se contracter et 70 % ont enregistré une baisse de leur chiffre d'affaires. Et cela devrait se poursuivre cette année (voir graphique). Pis, le BCG estime que l'industrie ne devrait pas retrouver ses niveaux d'avant la crise avant 2012. Dans ce contexte, certaines sociétés de gestion ont réduit leurs coûts en licenciant ou en réduisant les bonus en moyenne de 31 %. D'autres ont été plus radicales, en cédant une partie ou la totalité de leur activité de gestion d'actifs, ou en fusionnant pour réaliser des économies d'échelle. Une consolidation à marche forcée, des deux côtés de l'Atlantique. Et à en croire le nombre de dossiers qui circulent, ce mouvement devrait se poursuivre aussi bien chez les « grands » que chez les « petits » acteurs en mal de capitaux. Taille critique« Le rapprochement entre certaines maisons entraîne une course à la taille critique avec l'émergence de mastodontes gérant plus de 1.000 milliards de dollars », note Hélène Donnadieu, qui ajoute qu'il y a aussi de la place pour des « boutiques » spécialisées. Avec la baisse de la rentabilité, le secteur s'industrialise tout en maintenant des expertises répondant aux besoins spécifiques des investisseurs.La crise a aussi mis en lumière une gestion du risque jusque-là sous-estimée. Pour y remédier, les sociétés de gestion y ont alloué des moyens humains et techniques. « Mais le défi majeur de l'industrie est de regagner la confiance des investisseurs, estime Hélène Donnadieu. Cela passe par plus de transparence, une offre de produits simples et compréhensibles par les particuliers. » Du côté des institutionnels, des solutions sur mesure basées sur la gestion du passif devront être développées, nécessitant une certaine expertise et une taille critique. Du côté des réseaux, « le message entre le gestionnaire et le distributeur doit se clarifier et la gamme de produits proposée se rationaliser », recommande le BCG. Thierry Serrouy
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