Bonus  :  les politiques montent au créneau

Les responsables politiques n'ont pas tardé à s'emparer du débat sur les bonus des traders. Assailli de déclarations vengeresses venues de la gauche, le gouvernement s'est employé à reprendre la main. Christine Lagarde a écrit dès mercredi soir au gouverneur de la Banque de France pour appeler son bras armé, la Commission bancaire à « la plus grande vigilance en matière de rémunération des opérateurs de march頻. Une façon de « mettre la pression » pour s'assurer d'une application « pleine et entière » des principes définis en coopération avec la Fédération bancaire française visant à dissuader les prises de risques excessives (lire encadré). Soulignant les « moyens importants » mis à la disposition des banques à l'automne dernier « pour les aider à surmonter la crise financière », Matignon a convoqué aujourd'hui les représentants du secteur afin de s'assurer qu'ils respectent les engagements en matière de financement de l'économie pris en contrepartie de cette aide. Aucune nouvelle mesure ne devrait être annoncée. La Banque de France a été chargée d'adresser à Christine Lagarde d'ici à la fin de l'année un rapport sur l'application des règles prises par la France pour encadrer les politiques de rémunération.Reste à savoir si ces sorties suffiront à pacifier le débat. Dénonçant la faiblesse des contreparties demandées aux banques, Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée, a appelé le gouvernement à exiger que BNP Paribas annule le versement de ces bonus. Il a annoncé que son groupe déposerait un projet de loi pour interdire les abus. Ségolène Royal a opposé les bonus des traders au « sort injuste réservé aux ouvriers de Fabris », le sous-traitant de Renault mis en liquidation judiciaire. Quant au NPA d'Olivier Besancenot, il a appelé à faire « rendre gorge » aux banques, dénonçant « le caractère grotesque des déclarations sur la ?régulation? ou la ?moralisation? du capitalisme ».Signe des temps, le débat sur les primes accordées aux traders dépasse les frontières. À Londres, le discours a radicalement changé de ton. Il y a dix ans, Peter Mandelson ? actuel ministre de l'Industrie ? déclarait : « Nous sommes profondément à l'aise vis-à-vis des gens qui deviennent horriblement riches. » Aujourd'hui, Gordon Brown parle de « nettoyer » la culture des bonus. Le secrétaire d'État à la City, Paul Myners, pourtant ancien gestionnaire de fonds, se dit exaspéré et demande des mesures « radicales ». Même Mervyn King, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, dénonce « une forme de compensation qui récompense des parieurs s'ils gagnent, mais sans perte s'ils perdent ». publication des salairesUn nouveau code de conduite va entrer en vigueur début 2010. S'il n'est pas question de plafonner les rémunérations, l'objectif est d'exiger une hausse des fonds propres des banques si les salaires les poussent à prendre des risques. Par ailleurs, un rapport remis le mois dernier au gouvernement propose de publier l'ensemble des salaires des banquiers les mieux payés. Paul Myners soutient cette idée, mais Gordon Brown ne l'a pas encore publiquement approuvée.
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