« La crise du crédit touche 30 % des routiers »

Vous venez d'être élus à la tête de la Fédération nationale des transports routiers. Avez-vous une réponse à la crise??Patrick Vermot-Deroches : Nous ne serons pas trop de deux pour trouver des solutions. Car même les belles PME de 300 à 400 salariés sont touchées par la crise. Le nombre de faillites d'entreprises de plus de 50 salariés a augmenté de 146 % (contre + 82 % sur l'ensemble du secteur) sur les deux premiers trimestres 2008 par rapport à 2007. Au total, d'ici à la fin de l'année, le phénomène pourrait concerner 15.000 à 20.000 emplois. Nos entreprises, baromètre du ralentissement économique, sont impactées depuis mi-2007 en raison de la hausse du coût du carburant.Jean-Christophe Pic : Les entreprises qui travaillent dans des secteurs exposés, comme la sous-traitance ou l'automobile, souffrent particulièrement. Lorsqu'Arcelor annonce qu'il réduit de moitié sa production en France, les transporteurs sont directement impactés. Pour les routiers, qui enregistrent historiquement de faibles marges (1,5 % de marge nette en 2007), les conséquences sont catastrophiques.Le secteur est-il touché par la pénurie de crédit??P. V.-D. : Près de 30 % des entreprises parlent d'un durcissement, concernant les conditions de crédit ou l'octroi de nouveaux financements. Preuve que le problème existe, la CGPME et le Medef commencent à diligenter des enquêtes internes.J.-C. P. : La conséquence de ce durcissement du crédit ainsi que des perspectives, particulièrement mauvaises pour 2009, est que les entreprises gèlent leurs investissements. Ces dernières reportent, voire annulent, leurs commandes auprès des constructeurs de poids lourds, qui souffrent eux aussi fortement de la situation.L'ouverture d'une négociation sociale sur le temps de travail des routiers, annoncée par le secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau, est-elle la réponse que vous attendiez??P. V.-D. : Oui, même si elle est liée à un autre défi que la crise, qui est pour nous vital. Il s'agit de rendre le droit social français compétitif face à celui de ses voisins. La question doit absolument être tranchée avant la libéralisation du cabotage [chargement] en Europe, au 1er mai 2009. Et ce, alors que les conclusions d'un groupe de travail sur ce sujet sont annoncées au 1er semestre. J.-C. P. : En mai 2009, les transporteurs étrangers pourront donc opérer librement en France. Or, le coût du transport de nos entreprises est le plus élevé d'Europe, par exemple 10 % de plus qu'en Allemagne. À l'international, entre 1999 et 2007, la part du pavillon français a chuté de 36 %. En 2009, c'est la longue distance nationale qui sera menacée. Enfin, le Grenelle de l'environnement instaure, à compter de 2011, une écotaxe sur les poids lourds. Nous avons obtenu sa répercussion sur nos clients mais, en pratique, sa mise en ?uvre s'annonce extrêmement complexe. M. R.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.