Les banques centrales pourraient précipiter les baisses de taux

Le maniement de l'arme des taux ne serait qu'un cautère sur une jambe de bois pour soigner la thrombose du marché monétaire, où l'Euribor à 3 mois (le taux interbancaire de référence de la zone euro) a atteint un nouveau plafond historique hier à 5,38 %. Il répondrait, en revanche, aux craintes d'asphyxie de l'économie réelle que provoque la crise de confiance des banques entre elles. Si une action concertée des grandes banques centrales, évoquée par le marché, paraît peu probable, des initiatives spectaculaires ont déjà été prises depuis le début de la semaine. Lundi, c'est la Réserve fédérale américaine qui a procédé à une détente des taux déguisée. En rémunérant les réserves obligatoires que les banques sont tenues de déposer auprès de l'institut d'émission, la Fed a encouragé la thésaurisation, qui met à sa disposition une liquidité plus abondante pour abreuver le marché. De quoi favoriser une détente du taux des fonds fédéraux au jour le jour, qui ont reflué de trois quarts de point à 1,25%, alors que le taux cible est fixé à 2%. LA FED SE REMET EN QUESTION Ben Bernanke, le patron de la Fed, dans un discours devant la National Association forBusinessEconomics a estimé que "les risques pesant sur la croissance ont augmenté", alors que "les perspectives pour l'inflation restent très incertaines, en partie à cause de l'instabilité extraordinaire des prix des matières premières". Il a conclu qu'"à la lumière de ces évolutions, la Réserve fédérale doit examiner si la position actuelle de sa politique reste appropriée". Il paraît donc avoir ouvert la porte à une nouvelle baisse des taux. Dans la nuit, la Banque de réserve d'Australie a frappé un grand coup en abaissant son taux directeur de 7 % à 6 %, le plus fort assouplissement depuis seize ans. Enfin, aux petites heures de la matinée, la Banque du Japon a annoncé le maintien de son taux directeur à 0,5%.Mais son gouverneur,Masaaki Shirakawa, bien que se déclarant opposé à des baisses de taux coordonnées des pays du G7 qui se réunissent vendredi, n'en a pasmoins entrouvert la porte à une détentemonétaire. Restent la Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne. La BoE tient son conseil jeudi et devrait, selon le consensus, consentir une détente de son taux directeur, actuellement le plus élevé du G7, d'un demi-point. Il reviendrait de 5 % à 4,5 %. Quant à la BCE, qui a ouvert la porte à une baisse des taux avant la fin de l'année, elle pourrait bousculer son calendrier. Holger Schmieding, l'expert de la zone euro de Bank of America, table désormais sur une baisse du loyer de l'argent dès le 6 novembre, n'excluant pas qu'elle porte sur un demi-point, qui ramènerait son taux directeur de 4,25 % à 3,75 %. L'économiste n'écarte pas une détente à caractère exceptionnel hors conseil si la situation financière venait à s'aggraver.Le Danemark monteLa Banque du Danemark a relevé son taux directeur de 0,40 % pour le porter à 5 %. Elle réduit ainsi l'écart avec le taux marginal de la BCE qui s'est récemment tendu, provoquant des sorties de capitaux néfastes à la stabilité de la couronne. Elle est liée à l'euro dans le SME bis, avec une marge de 2,25 % de part et d'autre d'un cours pivot.
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