Les efforts de désendettement de Pernod affolent

Que des valeurs cycliques comme Lafarge et Saint-Gobain soient contraintes de lancer des augmentations de capital d'envergure, passe encore. Mais Pernod-Ricard?! Les investisseurs ont très mal pris le projet de levée de fonds annoncé hier par le producteur français de spiritueux, réputé défensif, c'est-à-dire peu sensible aux aléas de l'économie. Le cours de Bourse a accusé la plus forte chute de l'indice CAC 40 en séance, avec une dégringolade de 9 %. Il faut dire que, dans le cadre de cette augmentation de capital, Pernod, numéro deux mondial du secteur derrière le britannique Diageo, espère récolter 1 milliard d'euros, une somme qui représente pas moins de 10 % de sa capitalisation boursière.Pernod souhaite ainsi accélérer son désendettement et être en mesure d'honorer ses échéances de remboursement jusqu'en 2013. Pour mémoire, le rachat, en avril 2008, du suédois Vin & Sprit, propriétaire de la marque de vodka Absolut, avait entraîné un doublement de la dette de Pernod. À 13 milliards d'euros, celle-ci représente 6,3 fois l'excédent brut d'exploitation, estime la banque Goldman Sachs, qui rappelle que ce ratio ne doit pas dépasser 7 en vertu des accords conclus entre Pernod et ses banques créancières. Le 13 février dernier, lors de la présentation de ses résultats semestriels, le groupe assurait que son programme de cession d'actifs non stratégiques de 1 milliard d'euros, décidé en juillet dernier, suffirait à ramener son taux d'endettement à un niveau raisonnable. À ce propos, Pernod a annoncé hier la vente de sa marque de bourbon Wild Turkey à l'italien Campari, pour 433 millions d'euros. Ce qui porte à 577 millions le montant total des cessions réalisées, soit 60 % de l'objectif de 1 milliard.manque de sérénitéUn objectif visiblement devenu insuffisant, au vu de la nécessité de lancer une augmentation de capital. Si l'on sait que les principaux actionnaires du groupe y souscriront, à savoir la famille Ricard, qui détient 12,4 % du capital, et le groupe Bruxelles Lambert (7,66 %), le prix auquel s'effectuera l'opération et son calendrier ne sont en revanche pas encore connus. Pernod s'est contenté d'indiquer que l'augmentation de capital serait lancée « dès que les conditions de marché le permettront ». « Ce message envoyé au marché ne témoigne pas d'une grande confiance du groupe dans sa capacité à lever des fonds dans les meilleures conditions, ni d'une grande sérénité dans ses perspectives d'activit頻, déplore le bureau d'analyse Natixis. De fait, Pernod a lancé hier une alerte sur les résultats de son exercice 2008-2009, qui s'achèvera le 30 juin. Aux oubliettes, l'ambition d'une hausse du résultat opérationnel courant comprise entre 5 % et 8 %. Le groupe ne table plus que sur une fourchette de 3 % à 5 %. Pernod a été pris de court par la rapidité de la dégradation de la consommation en Russie et en Europe de l'Est. Mais également par l'ampleur du déstockage chez ses distributeurs américains, qui tentent de vendre leurs stocks à tout prix. Conséquence, le chiffre d'affaires de Pernod a plongé de 13 % au troisième trimestre 2008-2009 (janvier à mars), a confessé le groupe. D'après le consensus cité par la banque Citi, les analystes financiers anticipaient en moyenne un recul de l'ordre de? 3 % à 5 %.
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