La réforme des ventes à découvert à Wall Street sur les rails

En théorie, le gendarme des marchés financiers américains (SEC) attendra soixante jours pour se forger une opinion et ensuite instaurer, si besoin, des règles limitant les ventes à découvert aux États-Unis. Mais sa nouvelle présidente, Mary Schapiro, a une idée très arrêtée sur la question?: « les investisseurs sont moins enclins à injecter des capitaux sur les marchés sans restrictions supplémentaires sur les ventes à découvert », a déclaré la responsable avant que la SEC dévoile plusieurs propositions pour les limiter. Hier, des responsables de la SEC ont fait leurs recommandations à ses commissaires qu'opérateurs de marché et chercheurs auront deux mois pour commenter. Le gendarme recommande l'adoption d'une règle analogue à la fameuse « uptick rule », en vertu de laquelle une vente à découvert ne peut être effectuée qu'à un prix supérieur ou égal au dernier cours côté. Mais contrairement aux restrictions imposées à Wall Street en septembre dernier, la SEC propose d'étendre ces restrictions à l'ensemble des valeurs, et non aux seules financières. Par ailleurs, le gendarme envisage l'usage d'un « coupe-circuit » interdisant la vente d'un titre pour le reste de la séance lorsqu'il a déjà cédé 10 %. Voilà deux semaines, les principaux opérateurs boursiers américains ? Nyse Euronext, Nasdaq et Bats Exchange, qui revendiquent 80 % des transactions sur les actions aux États-Unis ? ont anticipé les propositions de la SEC, en s'engageant à combattre « les ventes à découvert abusives » et en suggérant au gendarme l'instauration d'une « ?uptick rule? modifiée », prenant en compte les nouvelles normes financières et l'informatisation des marchés. « Avec un bon ordinateur, il suffira d'une demi-journée aux opérateurs pour contourner ce type de règles », estime Gregori Volokhine, responsable des marchés de Meeschaert Capital Markets à New York. « Il existe tellement de plates-formes de transactions comme les ECN ou les Dark Pools qu'il sera difficile de tout contrôler », juge le responsable. « Les propositions de la SEC sont surtout politiques et visent à satisfaire le Congrès et il est injuste d'imputer aux hedge funds la responsabilité de la chute d'établissements comme Bear Stearns et Lehman Brothers, alors que ce sont ces investisseurs qui ont en premier dénoncé les paris des banques dans les actifs toxiques », rappelle l'opérateur. Retour en arrièreDepuis le début 2009, deux projets de loi ont été déposés au Sénat et à la Chambre des représentants pour restaurer l'« uptick rule » que la SEC avait décidé d'abandonner en 2007 du fait de son caractère obsolète. L'interdiction de ventes à découvert sur les valeurs financières à la rentrée dernière, qui a depuis été levée, a eu un effet pervers, estiment plusieurs chercheurs. Selon une étude commune de l'University of Southern California et de l'University of Alberta, cette interdiction a artificiellement gonflé de 4,9 milliards de dollars la valorisation des titres protégés, dont ceux des spécialistes du refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae.
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