Les Caisses d'Épargne ont vraiment besoin d'argent. Hier, l'Écureuil a annoncé le transfert de sa participation de 17,74 % dans CNP Assurances à ses caisses régionales, confirmant une information parue sur le site Internet de l'« Agefi ». Concrètement, la Caisse Nationale des Caisses d'Épargne (CNCE) va vendre sa part du capital de CNP Assurances à son réseau des caisses régionales. Cette cession se fera à un prix compris entre 1,6 et 1,9 milliard d'euros, permettant à la CNCE de réaliser une plus-value de 400 à 700 millions d'euros, selon le syndicat du groupe Force Ouvrière. Ce gain compensera en partie la perte de trading de 750 millions d'euros subie par la banque en octobre. Selon l'« Agefi », il permettra surtout à l'Écureuil de renforcer son ratio de solvabilité Tier one de 60 à 110 points de base, qui s'établissait à 8,6 % au 30 juin. Un point crucial pour les Caisses d'Épargne dans le cadre de leurs négociations de fusion avec les Banques Populaires. Les deux banques vont en effet marier leurs organes centraux et toute faiblesse peut coûter cher dans les négociations.Par ailleurs, la participation dans CNP étant jusqu'ici détenue par l'organe central de l'Écureuil (CNCE), elle ne figurera plus dans le périmètre de fusion. Mais sa valorisation dans la CNCE sera facilitée car elle sera désormais exprimée en cash plutôt qu'en titres CNP.perte d'indépendanceSi l'opération restaure le ratio de solvabilité de la CNCE, elle va en revanche fragiliser celui des 17 caisses régionales, sans leur donner d'avantages commerciaux supplémentaires. Comble de l'ironie, pour porter l'acquisition de CNP Assurances, les moins solides d'entre elles pourraient être contraintes de faire appel à la CNCE pour renforcer leurs fonds propres ! Faute de ressources suffisantes, certaines caisses pourraient aussi se trouver dans l'obligation de s'adosser à des cons?urs plus puissantes, relançant le processus de fusion de caisses d'épargne qui vient à peine de s'achever. Les plus petites, les caisses d'Alsace et de Loire-Drôme Ardèche, pourraient ainsi perdre leur indépendance. Très critique à l'égard de l'opération, Bruno Aguirre, secrétaire général Force Ouvrière du groupe bancaire, compte sur les conseils d'orientation et de surveillance des caisses régionales pour, une fois n'est pas coutume, défendre leurs intérêts en faisant jouer leur veto.Du côté de CNP, cette cession devrait arranger les affaires de la Banque Postale qui en détient 17,74 % aux côtés de la CNCE. La perspective de voir les organes centraux de l'Écureuil, actionnaire de CNP, et des Banques Populaires se marier ne réjouissait guère la banque publique. Elle craignait de voir l'équilibre au sein du capital de CNP rompu. Le problème ne se pose désormais plus puisque la participation est transférée au réseau.Matthieu Pechbertyet Ninon Renaud

latribune.fr

20 Déc 2008, 1:32

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