Des présidents d'université contestent la réforme Pecresse

Alors que la mobilisation des universitaires entre dans sa deuxième semaine, Valérie Pécresse a annoncé hier la nomination d'une médiatrice, Claire Bazy-Malaurie, présidente de chambre à la Cour des comptes et déjà présidente du comité de suivi de la loi LRU, pour prolonger de deux mois la concertation sur la réforme du statut des enseignants-chercheurs, qui cristallise la contestation. Une « voie de passage pragmatique », dictée par l'intervention remarquée vendredi du président de Paris V, Axel Kahn, qui demandait le retrait du projet, confie-t-on dans l'entourage de Valérie Pécresse. Le décret, « sur la table », va être retravaillé, promet-on. Pas sûr pour autant que cette option calme la communauté universitaire. Hier déjà, le SGEN-CFDT, le Snesup ou encore le collectif Sauvons l'université (SLU) maintenaient leurs revendications, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation.Les enseignants seront rejoints par les étudiants pour une nouvelle démonstration de force dans les rues, contre le nouveau statut des enseignants-chercheurs et la réforme du recrutement des enseignants.le feu aux poudresNon seulement la grève s'étend à un nombre croissant d'universités depuis le mot d'ordre lancé le 2 février, mais en plus elle mobilise des présidents d'université, faisant pourtant figure, a priori, de grands gagnants de la réforme. Ils étaient nombreux à participer hier à la réunion organisée à la Sorbonne (Paris IV) à l'initiative de son président, Georges Molinié. Si la majorité d'entre eux se disent « favorables à la réforme », « la communauté universitaire ne fait plus confiance au président », a regretté le président de l'université de Rouen, Cafer Ozkul. C'est notamment la réforme du décret de 1984 sur le statut des enseignants-chercheurs qui a mis le feu aux poudres. Le texte, déjà transmis au Conseil d'État, prévoit notamment une « modulation » des services entre enseignement et recherche en fonction de la qualité des travaux de recherche et une évaluation tous les quatre ans des enseignants-chercheurs.Jusqu'alors, Valérie Pécresse pouvait pourtant s'enorgueillir d'avoir fait passer en 2007 sa loi sur l'autonomie des universités sans trop de vagues. « Traumatisme anesthésiant », comme l'a suggéré hier Georges Molinié ? Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, les présidents d'université, très remontés contre le manque de concertation, fustigent aussi, tel Jean-Louis Salzmann, le président de Paris XIII, « les attaques contre les organismes de recherche comme le CNRS », ou encore les suppressions de postes. Quant à l'autonomie, ils refusent de cumuler tous les pouvoirs, a expliqué le président de l'université de Franche-Comté, Claude Condé : « Le désengagement de l'État revient à nous faire porter le chapeau. Moi, je ne le porte pas, je le mange ! » Les présidents de neuf universités ont lancé hier un « appel solennel » demandant aux ministres de « retirer toutes les réformes controversées, condition nécessaire à l'ouverture de véritables négociations ». Clarisse Jay
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