Carpe diem

Même digérés depuis vendredi, on a envie de croire aux chiffres meilleurs que prévu de l'emploi américain, de se féliciter de la réaction des marchés, au plus haut depuis novembre, de saluer, même, les premiers bénéfices depuis presque deux ans de l'ex grand assureur américain AIG, symbole s'il en est de la crise financière.Même la prolongation de la prime à la casse aux États-Unis, bouffée d'oxygène d'une industrie automobile américaine mal en point, prend des airs vertueux. Et on attend ce que vont faire en la matière la France et l'Allemagne.Du coup, on se prendrait presque à croire Jean-Claude Trichet, qui, délaissant ses habits traditionnels de Cassandre, nous promet la sortie prochaine de la récession. Il en est un en tout cas qui veut y croire, c'est Barack Obama, qui a claironné que les chiffres de l'emploi américain étaient bien le fruit de sa politique. De quoi lui faire un peu oublier que son exceptionnelle popularité initiale s'érode au fil des mois en raison des critiques sur sa gestion de la situation économique.Ce petit moment, même pas d'euphorie, ni même d'espoir mais au moins de soulagement, peine pourtant à se prolonger. La faute à un petit doute, un léger sentiment de malaise. Celui qui nous rappelle qu'il y a un peu plus d'un an, le réveil d'un lundi de septembre était marqué par la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, qui allait se révéler être le tsunami de la crise financière planétaire. Un sentiment également agacé face à la polémique sur les bonus dans les banques, qui repart de plus belle quand certains avaient juré : « plus jamais ça ». Un sentiment de frustration enfin avant un G20 de Pittsburgh censé avancer sur les traces d'un G20 de Londres porteur de promesses? restées en partie lettre morte.« Carpe diem », disait l'autre (en l'occurrence le poète latin Horace, repris plus tard par le professeur Keating, alias Robin Williams, dans le film « le Cercle des poètes disparus »), « profite du moment présent », conseil qu'on est tenté de suivre en sachant que la bonne nouvelle américaine ne signifie pas encore, loin de là, sortie de crise. Et que pour nous, sur le Vieux Continent, le redressement pourrait se faire attendre [email protected] provost
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