La Société Générale secouée par l'affaire Mustier

queOn n'avait vraiment pas besoin de ça ! » Cette exclamation d'un représentant du personnel traduit bien l'état d'esprit qui règne à la Société Généralecute; Générale après le départ précipité, jeudi, du patron du pôle gestion d'actifs, Jean-Pierre Mustier, accusé de manquement d'initié par l'Autorité des marchés financiers.Le PDG de la banque, Frédéric Oudéa, s'est déclaré, vendredi sur France 2, « personnellement convaincu de l'honnêtet頻 de Jean-Pierre Mustier. Mais cette affaire n'est pas faite pour apaiser le corps social de la banque, mis à rude épreuve depuis janvier 2008 par l'affaire Kerviel, puis par les polémiques sur les stock-options des dirigeants et la retraite chapeau de l'ancien PDG, Daniel Bouton. Pour Michel Marchet, délégué CGT, le sentiment qui domine est la « lassitude » face à cette accumulation de scandales. Notamment au sein du réseau, dont les commerciaux sont confrontés à l'hostilité du public envers les abus, réels ou supposés, des traders et des grands patrons. Selon un autre représentant du personnel, « beaucoup d'entre nous ont été choqués que Jean-Pierre Mustier [qui dirigeait alors la banque de financement et d'investissement, SG CIB, Ndlr] n'ait pas été sanctionné après l'affaire Kerviel ». Fidèles soutiensUn point de vue qui hérisse les anciens collaborateurs de Jean-Pierre Mustier. Pour un responsable des activités de marché, « Jean-Pierre a fait front et assumé ses responsabilités face aux régulateurs et aux auditeurs. » Un employé de SG CIB rappelle qu'« il a été le grand artisan du développement de SG CIB », et que « depuis l'affaire Kerviel, il a renoncé à tout bonus et reverse son salaire fixe à des ?uvres caritatives ». Surtout, chacun souligne son intégrité. « Ton honnêteté ne fait de doute pour personne » lui a ainsi écrit un collaborateur dans un des nombreux messages de soutien ? plusieurs centaines ? que son assistante a reçus depuis jeudi.Mais aussi probant qu'il puisse sembler, cet argument pourrait ne pas peser lourd face au gendarme de la Bourse. « Le manquement au règlement de l'AMF ne suppose pas d'intention dolosive, rappelle un spécialiste du droit boursier. La simple détention d'une information privilégiée emporte une stricte obligation d'abstention de toute transaction. » En clair, le grand banquier pourrait avoir fauté non par malhonnêteté, mais par imprudence. « Jean-Pierre Mustier, qui avait apparemment sous-estimé les risques de fraude à SG CIB, a peut-être commis un ultime pêché d'orgueil », lâche un bon connaisseur des marchés. Ce qui pourrait expliquer que le procureur de Paris se soit abstenu d'ouvrir une enquête pour l'instant, alors que les faits reprochés sont passibles de poursuites pénales.Également mis en cause par l'AMF, l'Américain Robert Day, administrateur de la banque depuis 2002, qui conteste ces accusations, réfutait vendredi soir les informations selon lesquelles il aurait démissionné. La commission des sanctions de l'AMF, dont les amendes peuvent atteindre 10 fois le profit réalisé, devrait se prononcer d'ici six mois.
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