Ces PME qui profitent des pôles de compétitivité

Les PME seraient plus de 7.000 à contribuer aux activités des différents pôles de compétitivité. Et pourtant, si 50 % des pôles assurent associer les PME à plus de 80 % de leurs projets, la moitié aussi considère qu'elles ne bénéficient pas pleinement du dispositif pour leur croissance. « Une petite déception » pour le président de la commission recherche et innovation du Medef, Charles Beigbeder. « Nous devons faire plus de pédagogie pour les inciter à s'impliquer. Les PME ont aussi besoin que l'on décode pour elles le fonctionnement du dispositif. Il faut les orienter et les accompagner face à la multitude d'acteurs », explique-t-il. Même son de cloche du côté du Conseil économique et social (CES). « Sur le terrain, on les sent parfois réticentes face à la grosse machine que représente un pôle », note André Marcon, rapporteur d'un rapport sur les pôles de compétitivité. Et pourtant, certains pôles ont su gagner le pari des PME et sont quasi exclusivement constitués de PME. C'est le cas, par exemple, de Cap Digital en Île-de-France, Cancer Bio Santé à Toulouse ou Imaginove à Lyon.« Appartenir à un pôle de compétitivité permet à une PME innovante de se faire connaître de l'écosystème, souligne Patrick Coquet, directeur général de Cap Digital. Le pôle permet de placer la PME dans le radar des possibles en la mettant en relation avec des projets structurants. Il construit une dynamique collaborative, même si, a priori, il n'y a pas de projet de recherche et développement. Les PME innovantes doivent s'intégrer et profiter de l'animation importante que la présence d'entreprises de tailles différentes génère. »rester « ouvert » « Le pôle de compétitivité apporte de la notoriété, des financements et des opportunités de partager avec d'autres entreprises, des centres de recherche, le monde de l'enseignement. » Pour Philippe Berna, PDG de Kayentis, une entreprise innovante qui développe des solutions de dématérialisation et d'intermédiation de l'écriture manuscrite, « c'est un devoir pour une PME que de faire partie d'un pôle de compétitivité?; cela permet de rester ouvert? et d'avoir de l'audace ». Du coup, Kayentis participe activement à différents projets au sein de plusieurs pôles dont ASTech, Medicen, System@TIC et Cap Digital.Pour autant, les choses ne sont pas toujours idylliques?: ainsi, certaines PME hésitent à s'intégrer au sein d'un pôle de compétitivité de crainte de voir leurs idées récupérées par les grands groupes, voire par d'autres entreprises, quelque part dans le monde, la plupart des informations étant étalées sur le Web. Ainsi, d'après le Comité Richelieu, une association de PME innovantes, 66 % des PME membres des pôles estiment qu'elles ne sont pas assez valorisées. Qu'en est-il alors de ce que le rapport du CES appelle la « coopétition », un néologisme né de l'union des mots coopération et compétition, alliance pas toujours naturelle ni spontanée??« Les entreprises sont rétives à collaborer avec un concurrent potentiel ou avéré?; la question de la propriété intellectuelle dans les projets de R&D collaboratifs fait l'objet de craintes répétées de la part des PME », souligne André Marcon dans son rapport. Mais parce que l'esprit des pôles vise à favoriser les collaborations entre entreprises et laboratoires de recherche, il faut engager une démarche pédagogique à l'égard des PME, en les sensibilisant à l'intérêt qu'elles peuvent en retirer.gouvernance« Les pôles de compétitivité ontune surface de contacts non négligeable avec les PME avec lesquelles nous réalisons l'essentiel de nos transferts de technologie, explique Bruno Sportisse, directeur du transfert et de l'innovation à l'Inria (Institut national de recherche en informatique et automatique). Les pôles de compétitivité jouent sur la recherche de compétences, la consolidation du tissu économique. » Le Comité Richelieu milite pour une association plus étroite avec les PME pour la gouvernance même des pôles. Un poids accru pour les plus petites entreprises qu'André Marcon réclame?: « les PME doivent avoir un poids plus important dans la structure de gouvernance, ce que très peu de pôles ont fait », reconnaît le rapport. Il reste du chemin à faire avant que « l'esprit cluster » soit une réalité pour les entreprises, de toutes tailles.Ce sont le plus souvent les plus innovantes des PME qui trouvent leur place véritable au sein des pôles, surtout dans les pôles les plus reconnus.
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