Tokyo poussé à intervenir sur le yen

Sans intervention du ministère des Finances le yen passera sous la barre des 80 yens pour 1 dollar », assure Masafumi Yamamoto, responsable du bureau devises chez RBS Tokyo. Comme beaucoup, cet analyste chevronné ne voit plus ce qui, hormis les pouvoirs publics, pourrait renverser la tendance haussière du yen. « Au moins une intervention pourrait-elle ralentir sa hausse », estime-t-il. La monnaie japonaise surchauffe, poussée bien malgré elle par les nouvelles calamiteuses en provenance des États-Unis. Le débouclage du « carry trade », cette technique consistant à emprunter du yen, à taux quasi nuls, pour le placer sur des devises mieux rémunérées se poursuit et pèse sur le dollar. Un yen fort grippe les exportations de l'archipel, donc sa croissance. Quand le dollar baisse de 1 yen, Toyota accuse une perte d'exploitation de 40 milliards de yens (321 millions d'euros). Il reste des réalistes. L'économiste Richard Katz a calculé que le taux de change effectif réel du yen face au dollar est encore inférieur à celui d'avril 1995, lorsque la devise nippone avait atteint son plus-haut historique. « Le yen est encore en dessous de son taux réel moyen de 1986 à 2008. Le yen revient à la normale après avoir été anormalement bas », estime l'économiste. « Mais les choses ont changé depuis 1995 : il n'y a plus de croissance mondiale », ce qui rend cette envolée insoutenable, relève Masafumi Yamamoto.Les autorités monétaires préparent le terrain pour une intervention. Le 12 décembre, lorsque le dollar approchait de la barre des 90 yens, le ministre des Finances, Shoichi Nakagawa, avait indiqué que « si les marchés devenaient plus volatils », ils réfléchiraient. « La politique monétaire est peut-être la seule arme qui reste encore au gouvernement pour stimuler son économie. Sa dette publique gêne sa politique de relance », relève un analyste.La Chine s'essouffleLes Américains, qui ont plus que jamais besoin d'étrangers pour financer leur déficit, voient cette hausse d'un bon ?il. Parmi leurs bons clients, la Chine donne de sérieux signes d'essoufflement. En septembre, l'empire du Milieu est devenu le premier détenteur de bons du Trésor américain, devant les Japonais. La baisse de son commerce pèsera sur sa capacité à prêter au consommateur américain. Armés d'un yen fort, les Japonais pourraient être d'un grand secours. Régis Arnaud, à Tokyo
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