Les immigrés envoient moins d'argent vers l'Afrique

Explosion du chômage, politique migratoire restrictive, aide au retour, etc., les travailleurs immigrés sont les premières victimes de la crise économique qui sévit dans les pays développés. Un drame pour ceux qui ont choisi d'émigrer mais aussi pour les familles restées au pays qui ne peuvent plus compter sur les fonds envoyés. Ces transferts ont été multipliés par quinze depuis 1980 pour approcher les 265 milliards de dollars. En Afrique subsaharienne, ces transferts ont atteint 19 milliards de dollars en 2007, selon le FMI. Un montant loin d'être négligeable puisqu'il équivaut à l'aide publique au développement accordé par les pays riches, soit 2,5 points du PIB de l'Afrique subsaharienne.En Espagne, par exemple, plus de 620.000 immigrés ont perdu leur emploi en 2008. Un grand nombre vient d'Afrique du Nord mais aussi d'Afrique subsaharienne. Or, comme le souligne le FMI dans son dernier rapport sur les perspectives économiques en Afrique subsaharienne, « le niveau de revenu des pays hôtes est, avec d'autres variables, un facteur déterminant des envois de fonds ». Une baisse d'un point de la croissance dans un des pays hôtes entraîne une chute de 4 % de ces transferts.Certains pays sont particulièrement menacés. Aux Comores et au Lesotho, par exemple, les envois de fonds de l'étranger représentent plus de 20 % du PIB. Le Liberia, le Cap-Vert, la Gambie, la Sierra Leone, le Togo, le Sénégal et la Guinée-Bissau sont également très exposés. L'Afrique subsaharienne ne pourra donc guère compter sur les transferts de fonds de ses émigrants pour amortir les effets de la crise. L'Afrique noire, qui a connu une croissance moyenne de 6 % au cours des cinq dernières années, devrait connaître une modeste croissance de 1,5 % seulement cette année, selon le FMI. La chute des cours des matières premières est un coup dur pour le continent. Le solde budgétaire des pays pétroliers passerait ainsi d'un excédent de 7,8 points de PIB en 2008 à un déficit de 7,5 points de PIB en 2009. Les autres pays connaîtraient une dégradation moins marquée de leurs finances publiques, dont le déficit moyen passerait de 1,7 point à 3,4 points de PIB.« Vulnérabilité »Si les banques africaines sont restées à l'écart de la crise des subprimes, contrairement à leurs homologues européennes, elles sont néanmoins « vulnérables aux effets indirects ». Le ralentissement de l'activité risque de faire grimper les défauts de paiement.L'arrimage du franc CFA ferait-il office de bouclier face à la crise ? Alors que l'Afrique francophone affiche depuis des années des performances économiques sensiblement inférieures à l'Afrique anglophone ou lusophone, elle semble mieux résister dans l'orage. Les pays membres de la zone franc croîtraient de 2,6 % cette année après 4,1 % l'an dernier, selon le FMI. Pour les 19 pays membres du marché commun d'Afrique orientale et australe (Comesa), la croissance moyenne chuterait en revanche de 9,2 % en 2008 à 2 % en 2009. Xavier Harel
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