« Dès que vous ouvrez le capot, les passants s'agglutinent autour de vous et plongent leur nez dans le moteur [?]. [En Algérie] le moteur d'une voiture est le seul endroit du pays où s'exerce la démocratie. » D'emblée, Fellag donne le ton. Et impose sur la scène du Théâtre du Rond-Point un spectacle férocement drôle, porté par un fort sens de l'autodérision. Le portrait implacable de l'Algérie d'aujourd'hui.Voilà plus de vingt ans que Fellag raconte son pays à travers ses one-man-shows. Il est, cette fois-ci, accompagné de la comédienne Marianne Epin. À eux deux, ils incarnent un couple d'enseignants francophones éjectés de leur lycée au lendemain de l'arabisation du système scolaire. Installés sur leur terrasse ensoleillée, ils déroulent leur vie. L'occasion d'une savoureuse galerie de portraits.un extraordinaire gâchisEn tête de cortège, M. Saïd, ancien combattant victime de la crise de l'eau. D'autres souffrent de la crise du logement. On croise même Jésus-Christ capable de guérir tout le monde. À l'exception d'un fonctionnaire en congé maladie, très heureux de sa situation. Au fil du récit, Fellag pointe surtout, avec plus de colère qu'à l'accoutumée, un extraordinaire gâchis. Celui dans lequel a sombré l'un des plus riches pays d'Afrique du Nord. Une Algérie qui avait conquis de haute lutte son indépendance, avant de voir ses richesses confisquées par un conglomérat de militaires. L'humour est encore là pour aider à supporter un taux de chômage important ou une administration irresponsable. Mais jusqu'à quand ? Yasmine Youssi « Tous les Algériens sont des mécaniciens », au Théâtre du Rond-Point, 2 bis, av. Franklin Roosevelt, 75008 Paris. Tous les jours sauf le lundi à 18?h?30. Jusqu'au 28 février. Durée : 1?h?30.

latribune.fr

25 Févr 2009, 1:37

Partager :