Wendel affiche sa sérénité après la dégradation de sa dette

En bloquant l'accès au crédit, la crise fragilise tous les acteurs du capital-investissement recourant à un fort effet de levier d'endettement. Wendel, qui fut il y a quelques années le premier holding traditionnel à embrasser cette nouvelle technique financière, est aujourd'hui victime de ce retournement. Vendredi, Standard and Poor's (S&P) a annoncé la dégradation de sa dette de long terme (de BBB- à BB+) et de court terme (de A-3 à B), et sa mise sous surveillance négative. Ses obligations sont désormais classées en catégorie spéculative, celle des " junk bonds". Le cours de l'action Wendel s'est effondré, perdant jusqu'à 22,21 % à 36,91 euros à la clôture.L'agence de notation justifie sa décision par l'impact de l'évolution des marchés sur le portefeuille de Wendel, constitué à 81 % de sociétés cotées, et notamment de Saint-Gobain. Bien qu'il s'agisse du septième ajustement de S&P à l'égard de Wendel depuis le début de l'année, l'agence de notation précise que ses actifs cotés ont toutefois une activité " solide ", que la liquidité de l'entreprise reste correcte et qu'elle dispose encore d'une marge de manoeuvre suffisante sur ses ratios financiers. Chez Wendel, on indique que " cette décision n'a pas de conséquence sur le modèle opérationnel et financier, aucune incidence sur ses financements actuels, sur leurs coûts ou sur leurs échéances ".L'une des interrogations concerne la capacité de Wendel à régler les appels de marge face à la chute du cours de Saint-Gobain dont elle détient 21,3 % du capital. L'investisseur doit être en mesure de compenser toute évolution négative de plus de 10 % du titre. Or, depuis septembre 2007, le cours de Saint-Gobain a perdu 67 % de sa valeur. Pour y faire face, Wendel a acheté des protections sur une partie du financement de l'entrée au capital à l'époque (2,2 milliards, à l'automne 2007). Les appels de marge portent sur une autre tranche de financement de 2,4 milliards d'euros. Au printemps, la société avait indiqué qu'elle avait une enveloppe de 400 millions d'euros pour leur paiement. Elle a également chiffré le scénario extrême d'un cours de Saint-Gobain à zéro : dans ce cas, le coût additionnel des appels de marge s'élèverait à 1,3 milliard d'euros. Wendel, qui indique avoir 2 milliards d'euros de trésorerie et un crédit syndiqué non tiré de 1,2 milliard, dit ne ressentir " aucune inquiétude "." FLEXIBILITE FINANCIERE AMPUTEE"Les marchés ne sont pas aussi sereins. Preuve en est, le coût de l'assurance contre le risque de défaillance de Wendel (credit default swaps ou CDS), dont la forte hausse trahit la perte de confiance des créanciers à l'égard de la qualité de son crédit. Alors que ce coût s'élevait à environ 40 points de base (soit 40.000 euros pour assurer 10 millions d'euros de dette) jusqu'à la fin 2007, il a oscillé depuis le début de l'année entre 250 et 500 points de base. En fin de semaine dernière, le coût est passé à 650 points de base (650.000 euros). Dans ce contexte, explique un banquier, " la flexibilité financière de Wendel est amputée, pour ne pas dire quasi nulle ".Victimes collatéralesLes titres des quatre grandes sociétés cotées détenues par Wendel ont également chuté vendredi, dans le sillage de leur actionnaire. La plus importante d'entre elles, Saint-Gobain , dont Wendel détient 21,3 %, a dégringolé de 10,22 %, à 26 euros. Autre grande participation cotée, la société de matériel électrique Legrand dont Wendel est actionnaire à hauteur de 30,9 %, a elle aussi chuté, de 7,13 %, à 13,03 euros. Bureau Veritas, détenu par Wendel à 63 %, a reculé de 6,09 %, à 29,14 euros. Elle a été introduite en Bourse il y a un an au prix de 37,75 euros. Enfin, Stallergènes, détenu à 46,9 %, a chuté de 7,28 %, à 36,68 euros.
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