Outre-mer  : la contagion menace

Après trois semaines de grève aux Antilles, Nicolas Sarkozy a décidé de reprendre la main sur le dossier de l'outre-mer. Hier, lors du Conseil des ministres, exceptionnellement retardé pour cause de voyage présidentiel au Moyen-Orient, le chef de l'État s'est fendu d'une déclaration solennelle consacrée à la crise sociale en Guadeloupe et en Martinique. « Ce conflit montre à quel point la société antillaise a besoin de se rénover mais aussi de se retrouver et de renforcer sa cohésion sociale. »Le président a assuré que la question d'une meilleure répartition des richesses outre-mer sera abordée mercredi lors de la grande réunion sociale à l'Élysée. Il a aussi annoncé la « rénovation de la politique menée par l'État en outre-mer ». Ce sera l'une des missions du Conseil interministériel de l'outre-mer qui sera mis en place prochainement, selon le président.manque d'efficacitéLa solennité de l'intervention présidentielle s'explique aisément. L'Élysée a voulu montrer qu'il comprenait la grogne des Antillais car il craint par-dessus tout le pourrissement du mouvement et sa contagion à toute l'outre-mer. Déjà, les syndicats réunionnais appellent à la grève pour le 5 mars. Cette grogne pourrait également donner des idées en métropole : l'extrême gauche appelle à manifester lundi à Paris. Hier, dans « Le Parisien », Martine Aubry affirmait d'ailleurs « craindre une propagation des événements qui agitent les Antilles ». Le ministère de l'Intérieur a ainsi prévenu l'Élysée de possibles débordements dans les banlieues abritant une forte proportion de familles originaires des Antilles?Mais l'intervention présidentielle avait également pour but de mettre un terme aux cafouillages gouvernementaux depuis le début des grèves en Guadeloupe pour protester contre la vie chère. Entre les allers et retours désordonnés d'Yves Jégo, le ministre de l'Outre-Mer, et la nomination de deux médiateurs dont l'intervention s'est révélée jusqu'à présent inopérante, l'action gouvernementale n'est pas apparue franchement efficace aux yeux du président. Les propos, hier, du chef de l'État comprenant le malaise des populations antillaises tranchent également avec ceux de François Fillon, mardi dernier, lorsqu'il estimait que « l'État ne souhaitait pas se substituer aux partenaires sociaux dans les responsabilités qui leur reviennent ». Reste au président à traduire en actes sa vision de l'outre-mer.
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