L'UFC Que choisir veut un cadre strict au crédit revolving

Faute d'avoir pu peser assez à son goût dans l'élaboration du projet de loi visant à encadrer les pratiques du crédit à la consommation en cours de finalisation, l'UFC-Que choisir a choisi l'arme médiatique. Trois jours avant la dernière réunion de concertation sur le sujet lundi à Bercy, et quelques semaines avant l'examen du texte en Conseil des ministres début avril, l'association de défense des consommateurs a rendu publics vendredi les résultats d'une enquête sur la distribution de crédits dans l'Hexagone. Ils « sont accablants. Les distributeurs mettent le [crédit] revolving sur la tempe des consommateurs. La finalité du crédit n'est plus au rendez-vous. Le consommateur n'a pas accès aux offres adaptées à ses besoins », a résumé Alain Bazot, président de l'UFC-Que choisir.Selon cette enquête menée en janvier et février par 73 associations locales auprès de 169 banques et 445 lieux de vente, 72 % des demandes de prêt de 2.500 euros pour financer de l'électroménager font l'objet d'une offre de crédit renouvelable, aussi appelé crédit revolving. Dans 82 % des cas, cette offre n'a été accompagnée d'aucune information claire sur ses caractéristiques, en particulier sur son coût réel pour l'emprunteur. Pis, la solvabilité de ce dernier n'a fait l'objet d'aucune vérification dans 87 % des cas.Bombe à retardementL'UFC-Que choisir rappelle que le crédit revolving est destiné à répondre à des besoins limités de trésorerie de court terme. En excluant de leur gamme de produits, pour des montants inférieurs à 3.000 euros, les prêts personnels et les crédits affectés, dont le capital est amorti sur une durée fixée à l'avance, les distributeurs « mettent une grenade dégoupillée dans les mains des consommateurs », estime Alain Bazot. Selon lui, les réserves permanentes d'argent proposées sont en général supérieures aux besoins effectifs de clients trop souvent financièrement fragiles et sujets au « malendettement », antichambre du surendettement. Le président de l'UFC-Que choisir s'appuie sur le rapport du cabinet Athling selon lequel 41 % des crédits renouvelables ouverts concernent des ménages dont le revenu annuel est inférieur à 21.000 euros. Et, selon la Banque de France, les dossiers de surendettement comptent en moyenne six crédits renouvelables.L'UFC-Que choisir appelle le gouvernement à « tirer les conséquences » de son enquête en intégrant dans son projet de loi cinq propositions. Elle souhaite prohiber le crédit revolving sur les lieux de vente et interdire l'association d'une réserve d'argent avec une carte de fidélité ou de paiement afin que le credit revolving ne chasse plus les autres crédits. Dans la même optique, le démarchage quel qu'il soit devrait être prohibé. L'association suggère par ailleurs de mieux encadrer la publicité sur le crédit afin que sa nature et son coût soient explicités sans ambiguïté. Enfin, le distributeur de crédit devrait vérifier la solvabilité de l'emprunteur, en particulier en consultant systématiquement le fichier national sur les incidents de paiement. Consciente du caractère très politique du sujet, l'association a obtenu le soutien 160 parlementaires à ses mesures.
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