Les assureurs crédit dans le viseur de la médiation

Si la médiation du crédit, mise en place il y a quatre mois par le président de la République, continue de traiter essentiellement des dossiers impliquant des banques et leurs clients, c'est désormais un autre sujet d'inquiétude qui monte en puissance dans toutes les réunions depuis quelque temps : celui des assureurs crédit. Comme l'expliquait René Ricol, qui accompagnait hier le Premier ministre, François Fillon, dans le cadre de la visite de la société Lafuma dans la Drôme, bénéficiaire de la médiation, « on ne peut pas rester dans la situation où l'on se trouve aujourd'hui. La question de l'assurance-crédit produit des effets procycliques immédiats ». payer comptantConcrètement, de plus en plus d'entreprises se trouvent face à un fournisseur qui les oblige à payer leur commande comptant, ce qui les place dans une situation parfois dramatique. Comme l'a rappelé le Premier ministre hier, « nous avons déjà annoncé des mesures, le CAP (complément d'assurance-crédit public). On observe aujourd'hui que cela n'est pas suffisant : il faut réfléchir à d'autres solutions ». René Ricol a bien précisé qu'il ne fallait « pas que les assureurs crédit se sentent attaqués », tout en soulignant leur spécificité : « Ce que l'on peut demander aux banquiers, qui ont une surface financière, on ne peut pas le demander aux assureurs crédit, qui n'ont pas du tout le même niveau de fonds propres. »Si la médiation se félicite du succès de ses résultats (89 % des 7.161 dossiers déposés, 66 % des cas résolus positivement), elle estime néanmoins qu'il y a encore des progrès à faire, notamment pour que la médiation ne soit pas vidée de son sens. Ainsi, si dans le cas de Lafuma il a fallu quelques jours pour trouver un accord et l'appliquer, il existe à ce jour plusieurs cas d'entreprises qui avaient trouvé un accord dans le cadre de la médiation, mais qui ont finalement déposé le bilan faute de mise en ?uvre de l'accord plusieurs semaines plus tard. appel à la modérationPar ailleurs, le médiateur a appelé les banques à faire preuve de modération dans les mois à venir, alors que les résultats 2008 vont être publiés par les entreprises. « Si les comptes des entreprises montrent une détérioration, il faut que les banques prennent un peu de temps et accordent un soutien via un découvert temporaire car, sinon, on va pousser des entreprises au tribunal de commerce où très vite elles iront à la liquidation. » Quant aux banquiers présents sur place, ils ont souligné leur volonté d'accompagner leurs clients, certains d'entre eux fustigeant les normes comptables Bâle II qui, avec l'effet de la crise sur la notation de la qualité de crédit des entreprises, « consomment mécaniquement considérablement de nos fonds propres, voire les détruisent ».
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