Darcos habille la réforme de la formation des maîtres

Nouveau recul ou habillage subtil ? Jeudi soir, les ministres de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur ont annoncé des « précisions » sur la réforme de la formation et du recrutement des enseignants (« mastérisation »). Cette réforme, qui prévoit de recruter, dès 2010, les enseignants à bac + 5 (mastère) et de supprimer leur année de stage rémunérée, est un des éléments responsables de la mobilisation des universitaires qui demandent son report d'un an.Or Xavier Darcos tient plus que tout à instaurer ses nouveaux concours dès 2010 : devant économiser 10.000 postes en 2010, il compte sur ce contingent de jeunes maîtres disponibles à plein temps immédiatement. D'où son intransigeance à imposer sa réforme aux universités (donc à Valérie Pécresse). D'où aussi le demi-recul concédé par les deux ministres, qui en ont déjà concédé plusieurs : la réforme du lycée a été reportée, le décret réformant le statut des enseignants-chercheurs réécrit, le contrat doctoral unique amendé, et les suppressions de postes dans le supérieur gelées en 2010 et 2011? quelques concessionsSur le dossier de la mastérisation, ils concèdent certes le principe d'une concertation et d'une commission de suivi, le caractère provisoire des masters et des concours en 2009-2010, le renforcement de la formation continue des jeunes enseignants ou encore le maintien du nombre de postes au concours en 2010. Mais à y regarder de plus près, la majorité des précisions apportées jeudi est une copie quasi-conforme du communiqué du? 15 janvier. Ainsi des 12.000 bourses, des stages en responsabilité rémunérés 3.000 euros pour 50.000 étudiants (40.000 en janvier?) ou encore des 5.000 postes d'assistants d'éducation. Dans l'entourage de Xavier Darcos, on se plaît d'ailleurs à préciser que, « sur le fond, la réforme et le calendrier restent inchangés ».Dans ce contexte, les syndicats ne sont pas dupes. « Ce type d'annonce nous renforce dans l'idée qu'il faut demander le retrait de la réforme », assène Jean-Louis Fournel, porte-parole de Sauvons l'université. mastères contre iufmLe Snes demande, lui, une « remise à plat » de l'ensemble du dispositif. D'autant plus que, en filigrane, c'est l'avenir même des IUFM qui est menacé. Intégrés aux universités depuis 2006, ils risquent cette fois de perdre leur raison d'être avec les masters, ces derniers intégrant moins de pédagogie et formant en continu les stagiaires. La conférence des directeurs d'IUFM a demandé, dès jeudi soir, aux présidents d'université (CPU) de « prendre la main en organisant des états généraux », confie Patrick Baranger, son président. La mobilisation ne devrait donc pas faiblir au moins jusqu'aux journées d'action du 19 et du 24 mars. Et le gouvernement peut difficilement faire l'économie de concessions plus importantes. Les semaines passant, d'ailleurs, « il y aura report de fait » de la réforme, anticipe Thierry Cadart. La mise en place des nouveaux dispositifs, dès la rentrée 2009, semble d'ores et déjà compromise. Clarisse Jay
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