" L'Europe se révèle en temps de crise "

Que pensez-vous du résultat de la réunion de dimanche dernier à Paris ?Il y a dix jours, lors de la réunion du G4, les Européens ont tenté une coordination, mais sans action commune véritable, et cela n'a pas marché, d'autant que les feux étaient déjà au rouge, enIrlande et ailleurs. En revanche, le week-end dernier, l'Europe a envoyé un signal politique fort et a vraimentmontré que, tous ensemble, les pays européens - sans oublier le voletqui s'est joué à Washington - peuvent faire quelque chose par rapport àcette crise.L'Europe existe donc bien...L'Europe existe même mieux en temps de crise qu'en temps normal, en fait ! Car, en cas de crise, les actions uniquement nationales sont forcément limitées. Certes, les mesures décidées hier à Paris seront adaptées à chaque pays en fonction de certaines caractéristiques, mais les outils de base sont les mêmes, et c'est cela qui est important.Les hommes et les femmes politiques européens n'ont-ils pas attendu trop longtemps avant de réagir ?Certes, il y a longtemps que l'on voyait les nuages s'amonceler. Certains avaient tiré la sonnette d'alarme il y a plusieurs mois. Mais d'autres croyaient au découplage des économies européenne et américaine, et pensaient que l'Europe serait peu ou pas contaminée. La vérité, c'est que les politiques ne réagissent vraiment que quand il y a le feu...Comment analysez-vous les rapports- voire les rapports de force - entre les différents protagonistes, Angela Merkel, Gordon Brown et Nicolas Sarkozy ?La politique serait plate et ennuyeuse si les gens ne se disputaient pas ! Ne croyez pas que Helmut Kohl et Jacques Chirac s'entendaient toujours à merveille, ce n'est pas vrai. Mais là encore, l'Europe se révèle en temps de crise. Les trois protagonistes ont réussi à s'entendre, même si les Allemands auront toujours du mal avec le style Sarkozy, son côté fonceur, son manque de concertation vis-à-vis de l'Allemagne sur ses projets, comme celui de l'Union pour la Méditerranée. Quant à Angela Merkel, elle a le droit de changer d'avis, face à une crise qui n'a cessé d'évoluer. Enfin, Gordon Brown bénéficie d'une vraie victoire philosophique. Reste à savoir si cela l'aidera à se repositionner au sein de son propre parti, de son propre électorat.Cette nouvelle coopération augure bien pour la construction de l'Europe en tout cas...Absolument, d'autant que deux débats se chevauchent actuellement : le retour de l'État dans la sphère économique, après des années de libéralisme, et le retour d'un Etat au niveau européen. Je l'ai dit, chacun des Etats ne peut rien faire seul, il ne s'agit donc pas d'un retour de l'État national, mais, après les non français, néerlandais et irlandais, d'un retour de l'idée d'un État européen. Après l'union monétaire, nous avions raté l'union politique. La crise financière peut nous faire avancer dans cette direction.par Lysiane J. Baudu
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