Coup de pouce de Pékin à ses paysans

La Chine poursuit ses réformes. Malgré le bourdonnement de fond de la crise mondiale, la session plénière du comité central du Parti communiste chinois s'est officiellement concentrée sur l'évolution de la réforme agraire chinoise. À l'issue des quatre jours de réunion annuelle, il a été " décidé de doubler le revenu annuel par habitant des résidents ruraux entre 2008 et 2020. Il a également été décidé d'accroître par une forte marge la consommation des résidents ruraux et d'éliminer la pauvreté absolue des régions rurales d'ici à 2020 ".Les réformes adoptées en décembre 1978 par l'État chinois et mises en place dans les années suivantes par Deng Xiaoping avaient dans un premier temps largement favorisé les campagnes chinoises, en déroute après la mise en place forcée des communes populaires. En trente ans, le revenu des paysans a ainsi augmenté de 134 yuans à 4.140 yuans par an (de 15 à 450 euros), le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté tombant de 250 à 15 millions. Mais au cours des années 1990, le développement économique voulu par Pékin a surtout profité aux populations urbaines, creusant les écarts de revenus entre ruraux et citadins. Depuis cinq ans, l'instabilité sociale dans les campagnes a cependant obligé Pékin à se pencher de nouveau sur la question du monde paysan. Selon Hu Jintao, le secrétaire général du Parti communiste, " le système de contrat sur l'exploitation forfaitaire de la terre [droit d'usage accordé aux paysans pour une période de trente ans, Ndlr] restera stable et non modifiable à long terme, mais il va aussi être mieux garanti ". Même si les paysans ne sont pas propriétaires de leurs terres puisqu'elles appartiennent à l'État, ils sont autorisés dans certaines provinces à les louer, à vendre leurs droits d'utilisation, à les échanger, etc.GRANDES EXPLOITATIONS ENCOURAGEESL'État veut donc approuver cette évolution. " Ce mouvement va accélérer l'urbanisation du pays en attirant plus de paysans vers les villes, alors que les grands entrepreneurs du secteur favoriseront le développement d'une agriculture moderne en zones rurales ", analyse Dang Guoying, de l'Académie chinoise des sciences sociales. L'établissement de grandes exploitations est encouragé par l'État : plus productives que les petites exploitations individuelles qui règnent aujourd'hui, elles rendront plus efficace une industrie de l'agroalimentaire qui, la crise du lait l'a montré, en aurait bien besoin.
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