La crise du secteur auto n'augure pas d'une profonde recomposition

Capitalisations boursières réduites comme peau de chagrin et spectre d'une crise de liquidité font peser bien des menaces sur le secteur automobile mondial. Un contexte on ne peut plus propice aux rumeurs en tout genre. Le week-end passé en a été une bonne illustration. Discussions en cours entre General Motors (GM) et Chrysler qui serait lui-même en pourparlers avec Renault-Nissan... Les temps à venir s'annoncent riches en spéculations. Mais, au-delà, la crise que connaissent les constructeurs va-t-elle profondément rebattre les cartes ? Rien n'est moins sûr.Certes, l'année 2008 va considérablement modifier le palmarès mondial des constructeurs. Un bouleversement dont la première victime est GM. L'américain a été détrôné en début d'année par Toyota en termes de ventes. En outre, avec une capitalisation réduite en fin de semaine dernière à un peu moins de 3 milliards de dollars (2,2 milliards d'euros), le géant de Detroit n'est plus que l'ombre de lui-même. Malgré tout, il serait prématuré d'enterrer l'ancien leader mondial. " GM est sans doute l'un des plus mal lotis mais il bénéficie par ailleurs de positions géographiques stratégiques face à ses concurrents, notamment dans les Bric, où il reste à la première place mondiale avec 11 % de parts de marché ", estime Philippe Vincent, associé chez PricewaterhouseCoopers. En outre, le groupe, qui a annoncé hier la fermeture d'une usine dans le Wisconsin (1.200 employés), entend se restructurer à marche forcée.Dans l'ensemble, les spécialistes s'accordent d'ailleurs à dire qu'ils ne faut pas sous-estimer la capacité de rebond des constructeurs américains... exception faite peut-être de Chrysler. Car le constructeur qui souffrait déjà avant la crise de problèmes de liquidité est sans doute celui dont la santé financière est la plus précaire (voir ci-dessous). De fait, la crise pourrait ainsi réduire les historiques Big Three au nombre de deux.EUROPEENS ET JAPONAIS PRESENTENT DE BONS BILANS Les constructeurs américains mis à part, " leurs homologues européens et japonais présentent dans l'ensemble des structures bilantielles plus solides ", assure un expert du secteur. S'ils ne risquent pas la banqueroute, ils n'en restent pas moins exposés à une conjoncture mondiale en panne. Ce qui laisse à penser que malgré les faiblesses des firmes américaines, les turbulences ne seront pas l'occasion de rachats opportuns. " Il faut certes s'attendre à une recomposition du secteur. Mais elle ne sera pas profonde, estime Philippe Vincent. La chute actuelle des cours de Bourse de certains constructeurs ne présage pas obligatoirement d'une grande vague de rachats. Tout simplement parce que, au-delà du prix de l'action, il faut financer la dette et le coût d'une restructuration qui s'ensuit. Or, par définition, les constructeurs n'ont aujourd'hui pas d'argent. " Autant dire que, en dépit des apparences, la crise actuelle pourrait finalement n'accoucher que d'une souris.VW détrône ToyotaLe palmarès des capitalisations boursières des constructeurs automobiles offre un curieux spectacle. Alors que GM ne capitalisait en fin de semaine qu'à peine 3 milliards de dollars, Volkswagen devenait vendredi le numéro un mondial du secteur avec 90 milliards d'euros de capitalisation, détrônant Toyota (80 milliards d'euros). Une situation due à un effet spéculatif lié à la montée prévue fin novembre de Porsche à hauteur de 50 % de son capital.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.