Paris blinde son industrie de défense avant de la consolider en Europe

Paris a lancé la consolidation de son industrie de la défense. Ainsi que La Tribune le révélait lundi, l'avionneur Dassault Aviation a formellement exprimé lundi soir son intérêt pour " l'achat du bloc de titres Thales détenu par Alcatel-Lucent s'il s'avérait disponible à la vente " . Et de préciser que, " dans cette dernière hypothèse, Dassault Aviation pourrait également considérer l'achat de la participation financière de Groupe Industriel Marcel Dassault dans Thales " . Une opération qui, sans le feu vert des pouvoirs publics et de l'Élysée, n'aurait pu être lancée.Avec le coup de pouce de l'État, Dassault Aviation doit encore convaincre la nouvelle direction d'Alcatel et ses actionnaires. " Tout en rappelant l'importance de ses partenariats avec Thales ", l'équipementier télécoms a répondu qu'il allait " examiner toutes les options stratégiques possibles dans le meilleur intérêt de ses actionnaires ". Pour Alcatel, c'est certainement de disposer d'au moins deux offres pour faire monter les enchères.Pour le nouveau président du conseil d'administration Philippe Camus, c'est aussi un vrai retour dans les affaires politico-industrielles. Enfin, quid d'EADS, dont l'intérêt sur Thales ne s'est jamais démenti. Le groupe européen reste étrangement silencieux et en retrait sur un dossier pourtant stratégique pour lui. Paye-t-il sa double nationalité franco-allemande, qui le rendrait inaudible auprès des pouvoirs publics ?" METTRE FIN AUX COMBATS FRATRICIDES"En tout cas, le rachat par Dassault Aviation des 20,8 % de Thales détenus par Alcatel ne peut satisfaire qu'en partie les ambitions du Premier ministre François Fillon de relancer l'industrie de la défense au niveau européen. Vendredi, il avait exhorté les industriels pour des " raisons conjoncturelles et structurelles " à " construire une réponse européenne en matière d'industrie spatiale et de défense ", en mettant fin " aux combats fratricides " et en " développant des synergies ". Paris a, semble-t-il, choisi de renforcer d'abord son industrie de défense avant de se lancer, dans un second temps, dans la consolidation au niveau europée. Car d'autres rapprochements franco-français sont attendus.C'est le cas dans la propulsion solide où un rapprochement entre les activités de défense de SNPE et le groupe Safran semble imminent. Ainsi, le propergoliste SNPE Matériaux énergétiques (SME), qui fabrique le carburant des missiles balistiques et du lanceur Ariane 5, est appelé à fusionner avec le motoriste Snecma Propulsion Solide (SPS), filiale de Safran, sous le contrôle de ce dernier. Une décision qui a été là aussi prise à l'Élysée. C'est enfin le cas avec le rapprochement entre les ex-Chantiers de l'Atlantique (STX Marine France) et DCNS sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy.
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