« Le dollar ne peut plus prétendre être la seule monnaie du monde », a lancé Nicolas Sarkozy à la veille du sommet du G20, affichant son intention de défendre sa proposition à Washington. Le président français est résolu à faire aborder aux protagonistes le problème des monnaies en plus de son menu consacré à l'amélioration de la transparence financière. On peut toujours rêver, mais les faits sont têtus. Seul l'euro serait en mesure de faire contrepoids. Monnaie partagée par quinze nations et bientôt seize, l'euro couvre une zone géographique, démographique et économique qui fait à peu près jeu égal avec les États-Unis. Seulement, en dix ans d'existence, l'euro n'a pas acquis le statut de monnaie de référence, et il est encore bien loin de concurrencer, voire de faire de l'ombre à la monnaie internationale désignée lors des accords de Bretton Woods de 1944.Sur les quatre attributs d'une monnaie internationale, l'euro n'a pris ses marques que comme monnaie d'emprunt, faisant d'emblée jeu égal avec le dollar sur le marché des émissions obligataires internationales. Mais il n'a jamais menacé de battre en brèche l'hégémonie du roi vert en tant que monnaie de facturation, de transactions et de réserves. 65 % du gâteauLe dollar reste la monnaie de référence du commerce international et occupe toujours dans les échanges mondiaux une part quatre fois supérieure à celle de l'économie américaine dans le commerce mondial. En particulier, les matières premières, pétrole en tête, sont libellées et facturées en dollars. Quant aux réserves de change, elles ne se diversifient qu'à pas de tortue : la part de l'euro, qui n'en représente qu'un peu plus d'un quart, ne progresse que très lentement, et le dollar s'octroie encore plus de 65 % du gâteau.Il paraît également contre-productif de stigmatiser le dollar, au moment où il a cessé de jouer les trouble-fête. Après six ans de baisse quasi ininterrompue, le dollar a cessé de propulser l'euro à des sommets qui menaçaient la compétitivité de l'Ancien Continent.

latribune.fr

27 Nov 2008, 1:32

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