L'emploi en tête des manifestations du 19 mars

Les banderoles sont prêtes et les appels à défiler lancés dans le secteur public, mais aussi chez Total, Rhodia, dans les banques et l'automobile. Jeudi, les huit syndicats à l'intiative de la journée d'action et de manifestation devraient parvenir à mobiliser autant, sinon plus, que le 29 janvier, lorsqu'ils avaient drainé dans les rues entre un et 2,5 millions de personnes.Au cours du dernier mois et demi, la tension n'est pas retombée. Au contraire, les revendications, jusque-là diffuses (pouvoir d'achat, suppressions de postes dans le public), se cristallisent désormais sur le thème de l'emploi. « Il y a eu un tournant très net. À l'automne 2008, dans les entreprises, les responsables du personnel et les représentants des salariés se concentraient sur les négociations annuelles obligatoires. Aujourd'hui, ce n'est clairement plus la préoccupation », souligne Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail. Entre-temps, les fermetures annoncées des usines de Continental à Clairoix (Oise) et de Sony à Pontonx-sur-l'Adour (Landes) sont, en effet, devenues les symboles concrets d'une inquiétude croissante liée à la hausse du chômage. « Plus que jamais, la question de l'emploi et le désespoir des salariés apparaissent. C'est capital pour la journée de jeudi qui n'est plus une mobilisation rituelle autour des troupes habituelles du public, mais inclut le priv頻, détaille Guy Groux, chercheur au centre de recherches politique de Sciences po et spécialiste des syndicats.exécutif prudentOr, sur la question de l'emploi, le gouvernement peine à élaborer une réponse audible par l'opinion publique. S'il réagit à chaud sur des plans sociaux, il prend le risque de décevoir. L'exemple de l'usine Arcelor de Gandrange il y a un an, où Nicolas Sarkozy avait pris des engagements forts sans pouvoir les tenir, rend l'exécutif prudent sur ce terrain. À l'inverse, son traitement de la crise à travers le plan de relance paraît insuffisant. Et les mesures sociales annoncées à l'issue du sommet élyséen du 18 février n'ont pas, pour l'instant, eu d'effets perceptibles par les Français. En dépit de la position très ferme de François Fillon qui a exclu, vendredi, toute « enveloppe supplémentaire », le chef de l'état n'aura probablement d'autre choix que de faire un nouveau geste ? fût-il symbolique ? au lendemain du 19 mars. Pourrait-il notamment rebondir sur les idées issues de sa propre majorité sur le bouclier fiscal ? Il l'exclut à ce stade (voir pages 2 et 3).Paradoxalement, il pourrait alors bénéficier de la bienveillance des syndicats qui, dans leur majorité, ont intérêt à trouver une porte de sortie. Les huit savent qu'en appelant à une troisième manifestation nationale, ils risquent de sombrer dans le défilé rituel et de perdre le soutien de l'opinion publique. D'autant que la dégradation de la situation de l'emploi et la peur qui l'accompagne peuvent avoir un effet paralysant sur une large frange de la population. Dans des conflits locaux, ils s'exposent aussi à être débordés et à ne plus jouer leur rôle de catalyseurs de la tension. Une préoccupation proche de celle de l'exécutif : « Jeudi, le gouvernement a une occasion de tendre la main. S'il ne le fait pas et si les flambées sociales se multiplient, il aura beaucoup de difficultés à reprendre l'initiative », conclut Jean-Marc Le Gall, conseil en stratégies sociales. nle chef de l'état n'aura probablement d'autre choix que de faire un nouveau geste ? fût-il symbolique .
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