point de vue Philippe Chazal Président du club Galilée (*) ...

oint de vue Philippe Chazal Président du club Galilée (*) Audiovisuel : l'été de la criseLe secteur traverse une crise profonde, à la fois commerciale, financière, technologique et structurelle. Elle devrait apparaître au grand jour cet été lorsque s'achèveront les contrats télévisés signés l'an dernier. Il y a donc urgence à préparer dès maintenant un plan de relance qui doit être global et mobiliser tous les acteurs de la filière. Plusieurs pistes peuvent déjà être explorées.Il y a urgence. Urgence à mettre en place un plan de relance. La crise, l'audiovisuel la connaît déjà depuis quelque temps. Une crise spécifique. Elle touche l'ensemble des acteurs du secteur : chaînes, producteurs, industries techniques et salariés. C'est une crise à la fois commerciale, économique, financière et sociale. Quelles en sont les principales manifestations ? Une concurrence qui s'exacerbe chez les diffuseurs et un secteur de la production qui voit sa situation se fragiliser depuis déjà quelques années. Sur le plan humain, le secteur est confonté à la fois au départ à la retraite de toute une génération de permanents dont il faut assurer le renouvellement et à un régime social des intermittents, sur lesquels repose désormais l'essentiel de la créativité, qui est loin d'être stabilisé. À cela s'ajoute une mutation des métiers avec les technologies numériques. Une crise de la création s'amplifie. Les contenus et les formes vieillissent avec le public qui les regarde et de nouveaux contenus destinés à des publics plus jeunes tardent à émerger. Enfin le service public, clef de voûte du secteur dans le domaine de la création, a été désorienté par la suppression de la publicité et est engagé maintenant dans une réorganisation qui mobilise ses forces et risque de le paralyser.Une crise de mutation comme l'audiovisuel en a déjà connu dans son histoire. Mais qui est aujourd'hui accélérée par l'arrivée d'Internet. Et il s'agit avec Internet d'une crise structurelle. Ce nouveau média dont la croissance est devenue exponentielle remet en cause le secteur « traditionnel » de l'audiovisuel. Il change la donne économique, financière, éditoriale et sociale. Il inquiète et bouleverse les habitudes de pensée et de travail. Internet apparaît comme « un eldorado » à beaucoup d'acteurs de l'audiovisuel. On peut se demander si les perspectives qu'il ouvre et même les promesses qu'il fait pourront être tenues. Enfin s'ajoute à ces crises la crise systémique générale que connaît l'ensemble de l'économie depuis quelques mois. Elle concerne bien entendu le secteur de l'audiovisuel et des médias comme tous les autres secteurs : ralentissement publicitaire, restriction drastique des crédits, réduction des commandes et des débouchés, etc.Cette crise dans le secteur de l'audiovisuel s'aggrave. Elle va probablement se manifester durement cet été. C'est en effet à ce moment-là que s'achève la saison télévisuelle ? et donc les contrats signés l'année dernière. Beaucoup d'entre eux vont être revus à la baisse. D'autres ne seront pas reconduits. Peu de nouveaux engagements seront pris. La crise apparaîtra alors au grand jour. L'absence de visibilité économique va peser cet été de tout son poids. Il y a donc urgence à préparer dès maintenant un plan de relance.Quel pourrait être, dans ce contexte, le plan de relance ? Il doit d'abord être global. Et donc comporter plusieurs volets : financier, économique et social. Avec des mesures urgentes à court terme, d'autres à moyen terme et des dispositions structurelles. Bien entendu les différents leviers dont disposent la profession et les pouvoirs publics doivent être mobilisés : banques, service public, dispositifs réglementaires, CNC, comptes de soutien, etc. Les dispositifs développés pour d'autres secteurs peuvent être appliqués ici. Ainsi une première mesure est à étudier : une réduction temporaire de la TVA. En particulier dans le domaine publicitaire. L'État, à travers le service public de l'audiovisuel et le CNC, doit injecter des fonds supplémentaires pour soutenir la création et la production de contenus audiovisuels en favorisant les projets innovants. Il s'agit aussi de mobiliser le système bancaire, notamment les établissements spécialisés, sur une baisse des taux d'intérêt pour aider les entreprises à court terme en matière de trésorerie et à moyen terme pour le financement de leurs investissements en privilégiant les emprunts destinés à financer la recherche, l'innovation et les reformes de structure. En ciblant les PME en priorité.Le numérique doit être, dans cette crise, un facteur de relance déterminant. En décidant, par exemple, l'accélération de l'extinction de l'analogique et de la couverture numérique. L'audiovisuel est, pour reprendre une expression appliquée à d'autres secteurs, un secteur à « haute intensité de main-d'?uvre ». Une réduction des taxes sur les salaires, en particulier des intermittents, peut être aussi envisagée. Elle aura ainsi un impact positif sur les emplois. Ainsi un plan de relance est à la fois nécessaire et urgent. Actionnant à la fois les instruments généraux et des dispositifs spécifiques. L'État, le CNC et le service public de l'audiovisuel doivent être à la man?uvre sans oublier les collectivités territoriales. Ce plan de relance enfin doit être l'occasion d'une réforme structurelle du secteur. Il est nécessaire pour définir de manière précise les mesures à prendre d'ouvrir une large et rapide concertation entre les différents acteurs du secteur. Le club Galilée est disponible pour préparer et organiser cette discussion.(*) Le club Galilée est un club de réflexion sur les médias hébergé au Conseil d'analyse stratégique, qui réunit plus de 300 professionnels.
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