Arrivée controversée de Philippe Val à France Inter

dioMercredi soir, Radio France a officialisé la nomination de Philippe Val à la direction de France Inter, une station où il était chroniqueur depuis 1992. C'était devenu un secret de Polichinelle : la nouvelle avait fuité dès le 2 avril, avant même la confirmation de l'arrivée de Jean-Luc Hees à la tête de Radio France. Ce qui avait contraint les deux hommes à des explications embarrassées. Le directeur de « Charlie Hebdo » s'était dit « stupéfait » par cette information « aberrante ». Tandis que Hees avait assuré au CSA : « Val est mon ami, mais l'amitié est un mauvais critère pour effectuer des nominations. »En réalité, tout était joué depuis janvier, comme l'a raconté Val au « Monde ». À cette date, Hees annonce à Val qu'il va être candidat à la succession de Jean-Paul Cluzel et lui propose de devenir le patron d'Inter. Val raconte même que c'est lui qui a suggéré le nom de Hees à l'Élysée et à Carla Bruni ? une amie de longue date. Avec succès, car l'Élysée n'avait jusque-là pas pensé à Hees.L'arrivée de Philippe Val n'est pas sans susciter des ­craintes. L'humoriste Stéphane Guillon serait persuadé d'être prochainement remercié par Val. Hier, le SNJ-FO a demandé l'ouverture d'une « clause de conscience », dont bénéficient les journalistes lors d'un changement d'actionnaire. Pour le syndicat, cette arrivée « inquiète : pour la première fois, le dirigeant d'une chaîne de Radio France a un passé connoté politiquement ».soif de reconnaissancePolitiquement, le parcours de Val (57 ans) est celui d'un glissement progressif de la gauche de la gauche vers la social-démocratie (dont l'intéressé se revendique), si ce n'est plus à droite. Val a soutenu l'intervention de l'Otan au Kosovo, puis le « oui » à la Constitution européenne, s'aliénant au passage une partie de ses lecteurs. Pascal Boniface, directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques, n'hésite pas à affirmer que « Val vend l'idéologie néoconservatrice américaine ».Ce fils d'un directeur d'abattoir et d'une coiffeuse est un autodidacte, qui a quitté l'école à 17 ans, et a une immense soif de reconnaissance intellectuelle. « L'organisme a été bouffé par les sucres lents de la respectabilit頻, selon le journaliste Olivier Cyran, un ex de « Charlie ». Si Val laissait s'exprimer dans l'hebdomadaire ceux qui ne partageaient pas son point de vue, il a aussi écarté Choron et surtout Siné, parti avec fracas mi-2008, accusé par Val d'antisémitisme pour avoir écrit : « Jean Sarkozy vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive et héritière des fondateurs de Darty. Il ira loin, ce petit ! » Saisie, la justice relaxera Siné. Mais l'affaire divisera la rédaction et les lecteurs de « Charlie Hebdo ». En effet, Val avait toujours fustigé la censure, et brandi en étendard la liberté d'expression quand il avait publié, deux ans plus tôt, les controversées caricatures de Mahomet. « Charlie Hebdo s'est toujours posé en champion de la liberté d'expression, et porte aujourd'hui à cette liberté un coup terrible », écrira Gisèle Halimi, cofondatrice du journal. JAMAL HENNI« Val est mon ami, mais l'amitié est un mauvais critère pour effectuer des nominations. » Jean-Luc Hees.
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